Le soir tombait.
Il pleuvait d’une pluie battante.
Un homme en blanc, boitillant, voûté, s’avance sur la place St Pierre à Rome.
Seul.
Face à lui, une immense place déserte avec quelques individus.
La lumière blafarde bleue des gyrophares de police rend irréel l’événement.
Il parle au Monde suivant l’expression « Urbi et Orbi » (à la Ville et au Monde) par les Médias.
Image saisissante et bouleversante.
La fragilité et l’impuissance d’un croyant démuni portant la souffrance du Monde.
Mais, en même temps, perception d’une immense communion virtuelle avec des croyants et incroyants du Monde entier
Il commente ce passage où Jésus dans une barque dort pendant que ses disciples prennent peur face à la tempête : « Nous sommes perdus ! »
Comme en écho, nos cris d’aujourd’hui en ces périodes de pandémie.
Il nous dit « N’ayez pas peur ! Vous n’avez pas la foi ? »
Le pape demande à son Seigneur d’arrêter la tempête qui dévaste le monde et prie pour que la force soit donnée à chacun.
Nous sommes dans la tempête. Pape François nous interpelle :
Nous sommes dans « la même barque…D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage… »
« … La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. Elle nous démontre comment nous avons laissé endormi et abandonné ce qui alimente, soutient et donne force à notre vie ainsi qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’“emballer” et d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, toutes ces tentatives d’anesthésier avec des habitudes apparemment “salvatrices”, incapables de faire appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité.
À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos “ego” toujours préoccupés de leur image ; et reste manifeste, encore une fois, cette appartenance commune (bénie), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères…
… Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de Dieu. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux cœurs. Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs. Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête. Redis encore : « N’ayez pas peur » (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre, “nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous…”
Puis, dans une basilique vide, entouré de quelques servants, le Pape médite longuement avant de prier pour
les mourants
les soignants.
les décideurs.
Il bénit alors le Monde et la ville de Rome.
« Bénir », c’est « dire du bien ».
Sa foi en l’homme lui fait dire le bien de chacun.
A le voir se retirer dans la solitude de la nuit et l’immensité de la basilique vide, comment résister aux appels de cet homme ?
Il nous dit l’urgence de la charité dans ce Monde affolé.
Qu’advienne entre nous la fraternité et la solidarité aux dimensions de la Terre.
Confions-nous, et confions ce pape les uns autres.
Voici la vidéo de ce temps de prières; (60 mn)