« … Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel :
Un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher.
Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire et un temps pour construire.
Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser...
… Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler.
Un temps pour aimer, et un temps pour ne pas aimer ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix… » (livre de Quohélet ou de l’ecclésiaste 3/1-12)
Savez-vous que cette expression courante est tiré de la Bible ? Attribuée, à tort, au sage Salomon, il date du troisième siècle avant JC.
« Après… »
Je suis frappé en ces périodes de confinement, mais en même temps d’ouverture tout azimut sur les réseaux sociaux, par l’expression qui revient de plus en plus fréquemment sous différentes formes de la part des internautes : « Après la crise, il faudra régler les comptes ».
Ce qui m’intéresse ici ce n’est pas la nécessité de demander des comptes à des gouvernements qui auront fait la preuve de leur incompétence, de leur mépris, de leurs choix financiers, de leur incurie et de leurs « bricolages », de leur suffisance, d’avoir privilégié la finance à la santé, (etc.…) mais c’est le petit mot « après » de cette phrase.
Oui » il y a un temps pour tout » et ce n’est pas le moment de régler les comptes. Il viendra, en son heure.
Cet « après », m’étonne. D’une manière heureuse. Les citoyens ne sont pas plus bêtes et plus ignorants que veulent le faire croire les « élites ».
Il y a une sagesse populaire qui sait s’interroger sur cette notion de temps et cette invitation à prendre à bras le corps « le moment présent » quand on est dans l’adversité.
Nous sommes maintenant confrontés à la réalité de notre vie, de notre mort, de notre destin. Jamais sans doute dans l’histoire des hommes nous n’avons été confronté à l’éphémère et la fragilité de notre vie. Il y a eu bien sûr par le passé des épisodes atroces de guerres, de génocides. Mais une remise en cause fondamentale et définitivede l’existence humaine, je ne crois pas.
« Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain «
Comme nous y invite le poète Horace, il y a comme une urgence à habiter le moment présent; non pour en profiter comme le disent certaines traductions (« profite du moment présent ») mais pour en « tirer un profit ». Où que nous soyons, quoique nous fassions, en étant à la place qui est la nôtre aujourd’hui.
Tirer profit c’est, dans l’heure où nous sommes, regarder comment nous pouvons grandir au cœur du temps qui tourne en densifiant l’instant présent (et non en le meublant). C’est en tirer un bien.
Le passé je n’y peux plus rien, l’avenir je ne le maîtrise pas, le présent est le seul moment où je peux en faire une création. A la lumière des expériences passées et pour faire advenir un avenir neuf.
Pas facile, je sais; dans les Ehpad les horloges et les calendriers souvent multiples aux murs sont là comme seuls signes de vie (ou de mort ?). L’aiguille tourne, l’éphéméride change le lendemain…. et beaucoup sont rongés par l’inquiétude ou l’inactivité physique et mentale. Tandis que dans les hôpitaux, les soignants n’ont pas une minute pour souffler et penser à eux… et sont inquiets qu’on ne pense pas à eux en leur donnant de véritables moyens de travailler.
Que faire maintenant de l’existence qui nous est donnée ? Un des avantages de ce confinement c’est la possibilité d’épouser un rythme que la nature nous donne. Un pas de sénateur en ce moment de printemps ? Peut-être ! Et si nous le respections ? Pour prendre du recul, goûter la saveur des choses et des relations sans précipitation et papillonnage….
Habiter, demeurer…
J’aime cette proposition qui m’a été faite il y a quelques jours de méditer ensemble, par réseaux sociaux interposés. Nous sommes une cinquantaine, face ou près de son ordinateur ou sa tablette, « branchés » sur le site de l’animateur… pour … ne rien dire ! Une demi-heure de silence, matin et soir, pour méditer et retrouver à l’intime la Vie qui nous est donnée. Nous vivons là l’instant présent, ensemble, attentifs à ce Souffle qui nous tient en Vie et qui nous invite à cueillir les joies du jour, et ne pas nous inquiéter de l’heure possible de notre maladie ou de notre mort…
J’aime ces rencontres « communautaires » qui me renvoie à moi-même et à plus grand que moi.
( pour rejoindre ce groupe de « méditants » ouvert à tous : cliquez sur ce lien https://www.facebook.com/groups/645664759345966/ )
Une autre expression biblique, devenue proverbe, vient du Christ : « Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. » (Matthieu 6, 34). Le Christ nous indique peut-être là le chemin d’une rencontre joyeuse avec une Transcendance que Lui appelle « Père ».
C’est le moment favorable
Donnons à ce jour le temps que nous pouvons lui offrir dans une plénitude et une densité habitées. Et recevons de ce jour qui nous est donné la confiance.
Pas d’inquiétude ou de résignation donc; mais une invitation forte à changer de logiciel et à réorienter nos vies : C’est tout le temps l’heure du « Kaïros », ce moment favorable, opportun pour lâcher prise et revoir nos priorités.
Ça n’empêche pas d’être lucide et qu’il faudra effectivement, le temps venu, « après », « régler des comptes » face aux milliers de morts dus à la gabegie et l’incurie de nos gouvernements.
Mais pour le moment, là n’est pas encore l’urgence. Inutile de nous focaliser et de nous entretenir dans une animosité et des revendications épuisantes.
Demeurons dans l’instant présent autant que faire se peut. Cueillons et « re-cueillons » chaque instant de ce jour pour en faire magnifique bouquet qui réjouira nos cœurs.
L’avenir inédit qui peut surgir dépend aussi ainsi de nous ?
Merci pour ce rappel ô combien utile de la nécessité d ancrage à la terre Mère ,de densification ,de reconnection à la nature brute et subtile, afin de pouvoir nous élever vers notre Père vers cet éther (et terre) reconnection à notre nature essentielle (essence du ciel) ou le 6e sens, le sens du ciel palpable, respirable , ms intouchable.