Peut-on s’en sortir tout seul ?

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Je ne veux pas tomber dans le catastrophisme mais quand même, je m’inquiète.
Pourquoi ?
Je pense à cette maladie qui vient de toucher ces temps-ci l’Afrique et qui, de toute évidence, va faire des millions de morts.
Je pense aux replis identitaires, pays par pays, qui ne s’inquiètent pas de la survenue de cette hécatombe annoncée.
Je pense qu’à dimension planétaire, ce virus que nous combattons localement doit bien rire des « frontières » supposées que nous mettons en place individuellement et collectivement par pays.
Je pense que si nous ne prenons pas au sérieux la dimension mondiale de l’épidémie, ce Covid 19 que nous tentons de mettre à la porte dans chaque pays reviendra par la fenêtre. C’est clair comme de l’eau de roche.
Je pense, qu’à défaut, notre confinement va durer des mois, voire des années, et que nous courrons vers un désastre dont nous ne mesurons pas les enjeux économiques, sociaux, guerriers.
Alors que faire ?

Je ne vois qu’une solution : la solidarité.
Non plus seulement locale mais internationale.
On ne peut pas, on ne peut plus, s’en sortir seul individuellement ou pays par pays, sans prendre en compte la dimension planétaire.
Je trouve même dérisoire qu’à juste titre pourtant, les associations d’entraide nationales comme le Secours Populaire ou le Secours Catholique fassent des appels aux dons pour résoudre la problématiques des défavorisés que sont les personnes à la rue, les prisonniers, les sans-le-sous affamés, ou les confinés à 5 dans 10 m² qui pètent les plombs …
Pourtant c’est leur rôle. Mais, sans cette prise en compte globale, c’est cautère sur jambe de bois me semble-t-il. 

Personne n’en parle

Ils appellent ça « assouplissement du Code du travail »

Personne n’en parle : On tourne en boucle sur notre microcosme français (en d’autres pays c’est identique). C’est vrai que localement il y a à faire et que ce n’est pas en tapant sur les petits et les pauvres, les travailleurs forcés et sacrifiés, indignement félicités pour leur bravoure par le pouvoir en place, qu’on cachera pour le coup les occasions qui sont donnés au gouvernement de profiter pour affaiblir le droit au travail, d’aggraver la surveillance policière, limiter les expressions solidaires et critiques, démanteler les petites entreprises…
On mélange tout et on continue de penser « profits » en sourdine sans donner les moyens de penser vie et « santé » des citoyens. « Stratégie du choc » là aussi.

Personne n’en parle : nous nous inscrivons dans la durée. On sortira peut-être de la pandémie avec des contraintes draconiennes pendant et après la crise (et encore ! je pense qu’elle reviendra maintenant de manière régulière du fait des mutations du virus) mais la crise économique elle-même mettra des années à être régularisée. A moins qu’on fasse comme avant : que la crise économique soit le mode de fonctionnement habituel et perpétuel des économies libérales (Malgré les éternelles promesse des « on va sortir de la crise » des dirigeants depuis des décennies : les menteurs !) .
Est-ce de cela que nous voulons ?

Les repus

Nous sommes à un tournant : à la mondialisation du fric et du commerce il nous faut proposer la mondialisation de la solidarité et changer de paradigme. Là est la vraie guerre actuellement. Les tenants du libéralisme œuvrent déjà, (en sourdine ne vous y trompez pas), pour continuer « comme avant » (« Allez cueillir des fraises ! »).
Ils nous trompent en essayant de déplacer le problème ailleurs, à coup d’annonces, de lois qui ne les dérangent pas, de sondages truqués, de petits gestes de solidarité condescendants pour satisfaire la colère qui monte, de mises à sac des protections sociales et sanitaires, etc. …  
Ces gens égoïstes, individualistes, de profiteurs sans loi ni éthique n’ont aucun problème. Ils s’en sortiront et nous laisseront sur le carreau. Leurs inactions coupables (incapables qu’ils sont depuis des mois de procurer des moyens basiques de prévention pour les soignants (masques, charlotte, blouse…) ou les professions à risque (éboueurs par exemple) ou les malades….
Non ils préfèrent laisser les médecins démunis faire le tri entre ceux qui doivent mourir et ceux qui doivent vivre….
Peut importe pour eux les millions de morts annoncés.
Ça va mal.
 « les plus pauvres d’entre nous — les réfugiés, les personnes à la rue, les populations du quart-monde — sont acculés à la mort, non pour cause de virus, mais parce qu’elles ne peuvent pas survivre sans une société qui tourne. Sans compter que nous n’avons aucune assurance que nos circuits d’approvisionnement alimentaire peuvent tenir le choc de la quarantaine très longtemps : veut-on contraindre par les armes les ouvriers et les salariés à revenu modeste à risquer leur vie pour acheminer de la nourriture aux cadres qui restent, aujourd’hui, tranquillement chez eux ou dans leur maison de campagne ? … «  nous demande Gaël Giraud

Mondialisation de la solidarité

Notre solidarité ne pourra, ne peut qu’être sociale, politique et environnementale. Notre guerre sera essentiellement une attention et des agirs concernant ces pôles. Elle sera rude et laissera des plumes pour certains et demandera des conversions radicales dans nos modes de vie, d’alimentation, de déplacement. Il en va de l’avenir, le nôtre, celui de nos enfants surtout.
D’autant plus qu’on ne peut plus établir un système économique viable avec le réchauffement climatique qui tombe en même temps sur l’humanité.  Libéralisme et détérioration du climat s’auto-entretiennent l’un et l’autre dans leurs dysfonctionnements délirants et de plus en plus fréquents.
Cette solidarité sociale, environnementale ne pourra être qu’à dimension mondiale donc.
Si les Etats-Providence (du moins dans certains postes clés comme la santé, la sécurité, l’éducation…) semblent être le nouveau mantra des gouvernements (faudra-t-il encore vérifier s’ils tiennent leurs promesses), il faudra impérativement que cette « Providence » soit élargie aux dimensions de la Planète.
Comme une ONU humanitaire digne de ce nom.

La solidarité risque elle aussi d’être un mantra tant nous sommes dans l’inquiétude, la peur et l’insécurité. Réflexe normal. Alors, comment élargir notre manière de voir et de penser ?

Une clé : la générosité

Le CCFD terre-solidaire, fer de lance en France de la solidarité internationale nous dit sur son site :
« … Notre engagement au service de la solidarité internationale et la construction d’un monde plus juste et respectueux des écosystèmes naturels s’impose comme une nécessité absolue, comme l’évoquait le pape François dans Laudato Si :
« J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète ».
Plus que jamais nous devons défendre un plus juste partage des richesses afin de permettre aux Etats de répondre aux besoins de leur population.
Nous sommes en effet très inquiets pour les populations des pays qui n’auront pas les moyens de se soigner et de mettre en place des mesures préventives.
Les mesures de confinement telles que nous les connaissons sont difficilement imaginables dans de nombreux pays où les plus démunis doivent sortir tous les jours pour gagner un peu d’argent pour vivre…
Nos équipes sont en lien permanent avec les organisations partenaires que nous soutenons sur place et feront tout leur possible pour leur être utiles dans les conditions actuelles.

La solidarité internationale aujourd’hui se décline peut-être sous forme de générosité.
Donner financièrement à la mesure de nos moyens. Même si chacun donne peu, les petits ruisseaux font les grandes rivières qui peuvent abreuver le monde en souffrance pour un répit salutaire.
Pour ce faire, pour plus de facilité, un don, petit, mais régulier, par mensualités, peut nous ouvrir à cette interdépendance qui sauvera l’africain sans moyen et sans ressources, mais nous sauvera nous aussi,  en même temps.

Donnez au CCFD-terre solidaire

2 réponses sur “Peut-on s’en sortir tout seul ?”

  1. Je suis en accord avec le combat qui ce doit d’ être planétaire et devons tout faire pour aider les plus vulnérables et démunis et l’urgence d’agir au-délà des frontières . Mais là où ça ne passe pas ce sont 3 énoncés relevés tels que
    « Personne n’en parle : On tourne en boucle sur notre microcosme français (en d’autres pays c’est identique)….  »
    « …qu’on cachera pour le coup les occasions qui sont donnés au gouvernement de profiter pour affaiblir le droit au travail, d’aggraver la surveillance policière, limiter les expressions solidaires et critiques, démanteler les petites entreprises… » 
    « …contraindre par les armes les ouvriers et les salariés à revenu modeste à risquer leur vie pour acheminer de la nourriture aux cadres qui restent, aujourd’hui, tranquillement chez eux ou dans leur maison de campagne ? 
    Ouf! Vous n’y allez pas avec le dos de la cuillère.
    Ici au Québec (Canada) je vois un gouvernement très pro-actif qui ont à coeur le bien-être de tout le peuple, sans égards de classes, qui ont acheminés à d’autres pays du matériel médical au début de la crise, à des dirigeants d’entreprises qui travailent d’arrache-pieds à convertir leurs équipements à coût de centaines de milliers de dollars pour produire masques, visières, valves de respirateur, des actionnaires qui refusent leurs profits pour une année , des banques qui sacrifient leurs surplus et combien d’autres exemples de solidarité. Je ne connais pas votre pays mais une chose est certaine, je ne crois aucunement aux mauvaises intentions que vous prêtez à tous les gens riches ou au pouvoir. Certes il y aura toujours des brebis galeuses mais ce n’est qu’une infime minorité. Mettre tous dans le même panier, cest n’avoir aucune confiance en l’humanité. Dommage pour votre article qui s’en trouve entaché.

    1. Merci Nicole de cette réaction.
      je suis très rejoint par ce que fait votre gouvernement au Québec « très pro-actif qui a cœur le bien-être de tout le peuple, sans égards de classes… » J’en ai les larmes aux yeux de ce sérieux et de cette compétence mis au service du peuple canadien.
      Puis-je dire la même chose de la France ? Mon article semble répondre non… et d’autres avec moi.
      Concernant le premier énoncé, je confirme les discours médiatiques qui tourne en boucle sur les problèmes liés au Covid 19 et l’absence complet d’intérêt pour la pandémie dans les pays pauvres. L’ouverture sur l’étanger se fait seulement autour des dirigeants du Brésil ou des USA. Il sont jusqu’à présent rebelles à la moindre protection pour sauver l’Economie et font les choux gras des médias mainstreams.

      Pour le second, je dois constater que malheureusement notre pays est gouverné à coup de 49.3 (du moins avant la pandémie, alors qu’une majorité écrasante de parlementaires pouvait avaliser les décisions gouvernementales . Les décisions prises concernant la libéralisation des retraites s’est faites de manière éhontée et affligeante, sans aucune concertation si ce n’est avec les fonds de pension privés) et d’ordonnances peu démocratiques sous couvert d’ « état d’urgence sanitaire ».
      Encore hier, au mépris de toute démocratie, la ministre de la justice vient de bafouer tous les droits des prisonniers.
      Hier encore notre président se pavane dans une usine qui va faire des respirateurs …. après 6 semaines d’inaction ou devant le transfert de 36 patients en province. Chiffre énorme vous en conviendrez. Ou que le ministre des finances fait des appels aux dons en refusant en même temps de taxer par l’ISF, de manière temporaire, les plus riches ou tergiverse pour que le versement des dividendes de plusieurs milliards pour les actionnaires soient reportés (simplement reportés) de quelques mois; Que la ministre du travail appelle à « aller cueillir des fraises » pour aider les maraîchers (bonjour le confinement !) …
      Hier encore, les forces de sécurités lançaient un appels aux dons pour se financer des masques de protection… car depuis de semaines nous sommes sans masque ou charlotte ou blouse surtout les soignants à qui le gouvernement demande de travailler 60 h par semaine et les a laissé pendant des mois dans le mépris de leurs revendications les plus élémentaires.
      Vous voyez le degré d’amateurisme dans les réponses …. Nous en sommes là aujourd’hui en France ….
      concernant le contenu du troisième énoncé, il n’est pas de moi et ne fait que reprendre une analyse de Gaël Giraud, analyste réputé ici, chercheur et … jésuite ! prêtons-lui un souci d’objectivité et de « vérité ».
      Toutefois je comprends votre « ouf » qui dit peut-être le  » trop » qui déborde d’une critique. Je vais y être attentif à l’avenir.
      Mais ce « trop » ne doit rien enlever à la réalité économique et politique de notre pays démuni, vendu aux entreprise privées par tous les bouts…
      je souhaite que ce malheur puisse donner une espérance dans un nouveau paradigme de solidarité comme vous semblez le vivre au Canada, dans une dimension mondialisée …
      merci de votre réaction et bien le bonjour au Québec

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