« J’ai été très touché par ce grand homme simple, humble et rayonnant ». Ce sont les mots de Gad Elmaleh après sa rencontre avec le pape François le 23 décembre dernier. je voudrais les reprendre pour vous adresser mon coup de cœur. Pas seulement à cause de ces deux personnages, mais, à travers eux, par la petite musique du cœur qui a surgi.
Une rencontre entre deux hommes. Deux hommes en chemin de l’un vers l’autre, dans le respect des différences. Deux hommes qui vont à l’Essentiel, sans s’embarrasser de fioritures, de superbe ou de tergiversations. Deux hommes qui tentent de vivre leur pleine humanité à travers l’attention de ce qui se passe à l’intime de chacun d’eux. Simplement.
Deux hommes, témoins et prophètes à la fois, qui se « reconnaissent », C’est-à-dire qui naissent ensemble à chaque instant de leur vie à ce qui se passe en eux et qu’ils partagent. Deux hommes qui s’interpellent et se disent l’un à l’autre leur proche et identique chemin, pourtant singulier pour chacun. L’un peut-être éclairant l’autre du fait de son âge et de son expérience : « Tu sais, on ne choisit pas. Ce n’est même pas toi qui choisis. » dira le plus vieux au plus jeune qui venait lui montrer un petit montage avec les scènes essentielles de son film « Reste un peu ». L’un qui met en chemin l’autre et réciproquement.
Gad El Maleh dira : « J’ai toujours à cœur la phrase du cardinal Lustiger qui clôt le film et que je résume ainsi : « En embrassant le christianisme, j’ai redécouvert les valeurs du judaïsme, je les ai approfondies bien loin de les renier. » Il y a des gens qui ne veulent pas entendre ça. Je n’ai jamais été si proche de la Torah depuis que j’ai découvert Marie et le christianisme. Certains cathos voudraient me voir rompre avec le judaïsme, certains juifs voudraient le contraire », explique-t-il. « Alors je regarde la lumière de Hanoukka et celle de Noël. Je l’utilise pour expliquer un chemin, un chemin de fraternité, de respect, d’écoute, où je suis appelé. Plus que jamais, j’ai envie de souhaiter la lumière avec mes frères et sœurs catholiques, juifs et musulmans ».
J’aime bien ces rencontres profondément humaines, qui font place à la simplicité, à l’humilité, et à la vérité des relations sans préséance, sans vouloir d’autorité, de puissance ou de subordination.
Et si c’était le vrai chemin de l’unité et de la paix entre les hommes ? Et si la grandeur d’un homme se situait dans la vérité de la simplicité et de l’humilité, source de rayonnement et de « naturel » qui ne se prend pas au sérieux ? Source de fraternité qui libère de tous les carcans de sérieux et de culpabilité ? Car ces deux hommes-là ont pour eux une sérieuse dose d’humour pour affronter une vraie rencontre. « Je me suis laissé guider par le cœur parce que j’étais connecté à quelqu’un qui a un cœur et qui parle au cœur. Il y a des personnes que tu rencontres et qui alimentent l’appréhension, le stress. Lui, au contraire, il l’apaise tout simplement, par son langage qui est celui du cœur ».
A la vue de la scène du film dans lequel la mère de Gad Elmaleh lui dit « Tu changes de Dieu, change de religion, fais-toi adopter », le pape François a glissé un mot à l’oreille de Gad Elmaleh qui lui a donné « les larmes aux yeux ». « C’est le même Dieu », lui a-t-il dit.
C’est ce que je nous souhaite : ne pas se prendre au sérieux, se laisser toucher par les rendez-vous avec l’(A)altérité, sources de nouveauté pour peu que nous sachions les accueillir, vivre la spontanéité des rencontres en profondeur. Le reste, ma foi, sera donné de surcroît et nous libérera de toutes les catastrophes qui nous envahissent. Non pour les fuir et les ignorer mais les affronter dans la Paix, la douceur et la Tranquillité du cœur. Des attitudes dont nous aurons bien besoin pour 2023.