Qui pourrait arrêter
la course du Soleil ?
Irrésistible,
il surgit,
éblouissant,
à l’aisselle
du Pic de Couard
et du Cheval Blanc.
Comme un enfant qui dort contre mère,
il se réveille et se dresse
hors de ce berceau où il était assoupi.
La terre s’allie au ciel, juste pour moi :
Aujourd’hui,
seulement aujourd’hui;
à cette heure,
seulement à cette heure du Grand Passage
l’axe de mon regard,
ce creux de dormition et d’éveil
et l’Astre levant
s’alignent
et, comme une flèche,
viennent dire à la cible que je suis :
« Tu as du prix à mes yeux et je t ‘aime ».
Aube nouvelle,
explosion de lumière
que le regard ne peut supporter,
« Frère soleil » illumine mon cœur
et l’inonde de sa paisible beauté.
En contrebas,
le village blotti autour de son église
reçoit aussi son ombre lumineuse
à profusion sur ses toits de tuiles.
Les rayons qui les éclaboussent semblent dire
« Rien ni personne ne sera oublié.
Tous et tout auront leur part,
jusqu’au confins de la Création »
Comment certains peuvent-ils encore
enfermer le Soleil de Dieu dans la pénombre d’un sanctuaire ?
Qui se permet de le circonscrire
dans une petite boîte fermée à clef ?
Au nom de quoi le retirer de la vie hommes ?
Pâques se dit dans ce matin nouveau;
dans la nature embrasée de ses rayons :
Prunus, forsythias, amandiers,
pommiers d’amour,
cerisiers, herbe tendre…
Le printemps en fleurs s’agenouille
devant la Majesté puissante
et m’invite à communier à leur adoration et à rendre grâce.
Je te salue Soleil levant,
Toi qui apportes la Vie
la vie à profusion,
celle qui dure toujours.
Jour nouveau.
Jour de création nouvelle.
Comme chaque jour.
Dis, toi l’Ami qui viens me rappeler
que tu fais ta demeure en moi,
qu’en ferons-nous de ce jour neuf,
toujours premier ?