Dieu est un Dieu qui surprend »

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Je vous propose un nouvel extrait de mon livre « Jours sombres en Église » tiré du chapitre 2, intitulé « Dieu est un Dieu qui surprend » , à la page 98

« L’évêque du diocèse a écrit un catéchisme intitulé « Le catéchisme expliqué ». Pour lui, dit-il c’est « un ouvrage de référence, très fouillé, plutôt destiné à ceux qui, dans l’Église, doivent enseigner la foi ». Oui, parce que, pour lui, apparemment, la foi s’enseigne et ne se reçoit pas. Comme si la foi s’apprenait comme dans les livres d’école. Pour lui, la foi est de l’ordre d’un savoir et non d’une expérience personnelle et communautaire. Comment donc ces « enseignants » s’y prennent-ils pour aider les jeunes à entrer en relation avec Dieu ? Au delà des manières d’apprendre à bien faire des génuflexions ? Comment, par leur vie et leur témoignage, leur donnent-ils le « goût de Dieu » ? Je n’ai pas lu ce catéchisme expliqué. Et, pour tout dire, je n’en ai guère envie. Je ne peux donc en faire de commentaire.

Par contre, j’aimerais partager la catéchèse de Pape François qui me parle beaucoup. Son Dieu à lui est « un Dieu qui surprend » et qui réveille les chrétiens et les autres qui d’ailleurs ne s’y trompent pas. Ils voient et découvrent une nouvelle lumière qui se lève dans la tristesse de leurs jours remplis de devoirs et d’obligations, dans un monde changeant
et sans repère. Ce n’est pas un dieu qui gît et gémit derrière un vieux Fagot parmi d’autres, constellé de toiles d’araignée, inaccessible, bien sombre et relégué au fond d’une cave. C’est le Dieu de Jésus Christ, celui de la Samaritaine, dans le Poème de Jean qui écrit qu’
« un temps vient, et c’est celui-ci, où l’on n’adorera pas dans les sanctuaires ou à Jérusalem, mais vous adorerez le Père en esprit et vérité ». C’est celui qui va à la noce à Cana, qui mange avec des païens, guérit les aveugles, qui appelle à la vie nouvelle pour chacun, ici et maintenant… Il n’est pas figé dans une définition, mais vient frapper à la porte de chacun,
de manière toujours permanente dans la discrétion et la nouveauté. C’est ça la Bonne Nouvelle du Poème : ce Dieu qui étonne nous invite à le découvrir dans ce qui n’a jamais été dit de lui. Certains croient tout a été dit avec Jésus Christ et qu’on ne peut plus rien dire de plus de Lui et de son Père. C’est faux ! D’abord, il ne s’agit pas de dire des choses sur Dieu mais de le découvrir autrement. Toute l’histoire des hommes et de l’Église raconte leurs marches vers la découverte d’un Dieu qui ne s’enferme pas. Et l’histoire de chacun raconte sa quête d’un Dieu nouveau. A moins de rester dans une foi infantile, chacun peut « raconter » son cheminement dans sa foi en un Dieu, tout le temps différent. Chacun peut dire sa Bonne Nouvelle, son Évangile à lui.

Dieu ne varie pas, mais la perception que chacun a dans sa recherche est inépuisable. Ceux qui travaillent le Poème ensemble, à Plouguiniel ou ailleurs et se laissent travailler par lui, savent les découvertes heureuses qu’ils font de leur Dieu. Ils découvrent le neuf, l’inouï, l’insu, ce qu’ils ne savaient pas avant et que l’Esprit leur donne de découvrir. Ils apprennent que les évangiles ne sont pas gravés dans la pierre une fois pour toutes, comme s’ils étaient intouchables. Cette perception est affaire de fondamentalistes comme de certains musulmans vis-à-vis du Coran. Le Poème est à réinventer à chaque lecture, à réinterpréter, à voir comment la parole parle aujourd’hui pour que chacun écrive, avec ses mots à lui, sa propre Bonne Nouvelle, à la lumière de l’expérience qu’il a de Dieu dans sa vie.

Dieu change-t-il ? Et si j’osais dire oui ? Ne dépend-il pas quelque part des hommes, de leur perception et de leur expérience de lui ? Nous le comprenons de manière toujours neuve. Notre approche de lui change. N’est-ce pas en enlevant tous les voiles qui l’ont obscurci pendant des siècles et en revenant « aux sources » du Poème que l’on retrouvera la fraîcheur de ce qu’a apporté Jésus à propos de son Père ? Un Dieu étonnant, débarrassé de ses gangues de toute-puissance, de jugement, de marchandage, de frayeur ; un Dieu qui n’est pas un petit dieu personnel, ni celui d’une humanité confrontée aujourd’hui à sa
vie et à sa mort en qui elle pourrait trouver refuge. A ce dieu-là, capricieux ou tout-puissant, qui demande réparation ou en colère, un dieu vengeur ou justicier, tranquillisant, on peut demander des comptes : « Pourquoi le mal ? Qu’as-tu fait lors de l’holocauste ? A quelle condition je peux être sauvé ? Pourquoi tu permets-tu ceci ou cela ? » Le catéchisme
expliqué de son Excellence saura répondre ou, à défaut, dire que ce sont des mystères…

Mais ce Dieu que le pape François nous invite à découvrir n’est pas un Dieu qu’on explique, un dieu tourmenteur ou censeur. Car Pape François pose l’approche de Dieu qui étonne dans le contexte de ce monde aujourd’hui. Nous vivons un changement d’époque que l’Église doit regarder en face. L’humanité prend conscience qu’elle est planétaire, la Terre est en agonie, et les hommes se bagarrent pour ramasser les miettes, se déplacent par migrations entières pour ne pas mourir où se calfeutrent dans des tours d’ivoire pour amasser le plus possible. Alors disserter savamment sur Dieu, non ! Participer à sa miséricorde pour ce monde et ces hommes en souffrance, car c’est Lui qui souffre en eux, c’est là « un rôle royal de la liberté humaine » (Florin Callerand) et le chemin pour le découvrir en vérité.

Il y a urgence à entrer dans cette espérance et Pape François nous invite à quitter tous les obscurantismes religieux, les guerres de pouvoir et d’ego, à panser les blessures tant physiques que religieuses, celles inoculées par des discours moralisateurs, culpabilisants, infantilisants, oppressants, angoissants… C’est un Dieu qui pleure devant ses créatures abîmées, défigurées, il communie avec ceux qui souffrent, se noie avec les migrants, est défiguré avec les femmes violées. C’est un Dieu non-violent, sans puissance aucune, déposé dans les cœurs de tous les hommes, un Dieu toujours en agonie qui les supplient de prendre soin de Lui et de la Création…
Le Christ nous dit un Dieu Père qui invite à la justice, à la fraternité, à l’unité surtout. Il est inscrit dans notre temps et notre monde dans l’agonie sans fin des pauvres, des petits, des exploités, des exclus. Comme fusionné avec eux. Ce n’est pas le Dieu des tout-puissants, des princes de ce monde, aussi beaux que soient leurs uniformes, leurs titres de noblesse ou leurs fonctions.

Ce Dieu étonnant détonne. Loin des idées sacrificielles, des réparations dues au Père par son Fils sur la Croix et place à la miséricorde pour Pape François ! Il nous invite à lire les signes des temps et à revoir notre catéchisme. Tout est à passer au crible du discernement : dogmes, théologie, religions. Les sciences, les techniques nous poussent à rendre croyable et recevable le message du Poème, à écouter l’Esprit qui parle aussi dans les mutations du Monde, comme dans l’esprit des incroyants. Il est étonnant de
voir aujourd’hui la floraison d’expériences partagées dans la littérature récente de ces hommes et femmes incroyants, athées, qui ne sont pas passés dans le moule de la religion mais s’ouvrent au mystère de la Vie, s’interrogent sur la Transcendance, la place de la
foi en eux, dans la société, la culture.

Ces nouveaux chercheurs de Dieu interpellent les croyants : ces derniers se laissent-ils bouger de la même manière ? Avec la même gravité ? La même exigence ? Ne plus s’arc-bouter sur un nouveau catéchisme, même expliqué, revu et corrigé, mais aller puiser à la Source-même qu’est la Bonne Nouvelle. Benoît XVI lui-même, si apprécié des tradis, affirmait comme « totalement erronée » la signification sacrificielle et expiatoire de la liturgie et de la vie. Quand on est plongé dans ses certitudes il est difficile de se remettre en cause. Qui nous délivrera des fausses images de dieu bâties pour asseoir des pouvoirs masculins ?

Aujourd’hui, Pape François nous dit qu’à travers sa compassion et sa miséricorde, Dieu a des entrailles de mère. « L’avenir de Dieu », si nous ne voulons pas le laisser mourir, passe par l’Homme. Pas seulement le chrétien, mais tout homme dans sa capacité à se remettre en cause, à se laisser déranger, lui d’abord, personnellement, à l’intime de lui comme dans ses modes de vie.

Quel est le Dieu vivant qui veut se dire dans un monde déboussolé dans sa globalisation sauvage, son libéralisme fou, sa financiarisation déshumanisante, son pillage environnemental destructeur, où l’homme devient objet, accessoire pour quelques uns ?
Quels hommes neufs, quels chrétiens inspirés pourront collaborer avec ce Dieu qui appelle au renouveau ? Car Il a besoin des hommes comme jamais. Et ce n’est pas un optimisme béat ou des tonnes de prières qui changeront ou sauveront le monde. Dieu appelle plus que jamais. Mais l’écoutons-nous ? Recevons-nous son cri sur la croix « J’ai soif ! » ? Pas une seule soif physique, mais celle qui appelle l’homme à répondre à l’Homme : un homme
de guerre l’entendra, apaisera sa soif et fera alors dire au supplicié : « tout est accompli ! », avant de remettre son Esprit à l’humanité entière.

Les cris de Pape François sont des cris de prophète. Des temps nouveaux peuvent advenir si nous écoutons ses appels. Qui prend le temps de l’entendre en vérité et de rallumer le feu de Dieu qui couve sous la braise ?

Si la lecture de ce livre vous intéresse, vous pouvez le commander ici au prix de 16 euro – 254 pages ou par l’intermédiaire de votre libraire habituel avec les référence du titre, de l’auteur et de l’éditeur. Il peut être un intéressant cadeau pour des proches.

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