Taxons les riches pour lutter contre les inégalités !

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L’homme le plus riche du monde, Warren Buffett, révélait en 2008 une vérité inconvenante. « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui la mène, et nous sommes en train de la gagner». Il était soutenu dans son propos par les études de la Banque des règlements internationaux (BRI), du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Commission européenne, qui reconnaissent  que la part des profits, ou du capital, dans le partage de la richesse collective s’est singulièrement accrue, dans tous les pays occidentaux, depuis les années 1980, au détriment des revenus du travail.

« Nous vivons une période de crise source d’énormes souffrances pour la majeure partie de l’humanité. Elle génère des fortunes colossales pour une poignée de personnes. « Les inégalités économiques ont atteint des niveaux extrêmes et dangereux », écrit l’organisation internationale Oxfam dans son rapport annuel sur les inégalités. Portées par la flambée des cours de Bourse, les grandes fortunes se sont envolées au cours des dix dernières années.

Voila donc que s’ouvre, comme chaque année, jusqu’au 20 Janvier, le forum de Davos qui ne sert plus à rien sinon à offrir une vitrine sur fond de neige immaculée et de chalets loués à prix d’or à des centaines de gouvernants, d’oligarques et de dirigeants politiques pour se pavaner et se justifier de leurs incompétences. D’après le rapport Oxfam, les ultra-riches sont aussi les plus grands responsables de la crise climatique à l’échelle individuelle. Les milliardaires les plus riches, à cause de leurs investissements dans des industries polluantes, émettent un million de fois plus de carbone qu’une personne ordinaire. Les 1 % les plus riches sont responsables de deux fois plus d’émissions que la moitié la plus pauvre de l’humanité et leur empreinte carbone est partie pour être 30 fois supérieure à celle compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C d’ici 2030, fixée lors de l’Accord de Paris. Ils viennent donc en Suisse pour quelques jours en jets privés . Le milliardaire Arnault, a occasionné  176 tonnes de CO2 rien qu’en mai 2022… Ce bilan carbone faramineux, représente l’équivalent de celui émis par un Français en… 17 ans, est causé par de multiples petits déplacements, durant pour certains moins de 10 minutes. Ils semblent n’en avoir que faire de parcourir sans relâche la planète à bord de leurs jets privés qui sont de véritables « bombes carbone ». Ces méprisants sont également responsables de l’inflation actuelle : par exemple, 47 sociétés privées, énergéticiennes en France vendent 450 € le Mwh aux artisans qu’elles ont achetées 42€ à EDF.

Oxfam milite pour « abolir les milliardaires »

Les plus riches, heureux d’avoir gagné la guerre des classes, nous donne l’occasion d’exhiber combien leurs intérêts communs sont immenses :

D’après le nouveau rapport 2022 publié par Oxfam, « les 1 % les plus riches ont accaparé près des deux tiers des 42 000 milliards de dollars de nouvelles richesses créées depuis 2020 (début de la Covid), soit près de deux fois plus que les 99 % restant. Au cours des dix dernières années, les 1 % les plus riches avaient accaparé environ la moitié des nouvelles richesses. Sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés dans les poches des 1 % le plus aisés, tandis que 70 centimes ont profité aux 50 % les moins fortunés.

Les milliardaires ont enregistré une hausse sans précédent de leurs richesses. Depuis 2020, avec la pandémie et la crise du coût de la vie, 26 000 milliards de dollars (63 %) des nouvelles richesses ont été accaparés par les 1 % les plus riches, alors que le reste de l’humanité n’a reçu que 16 000 milliards de dollars (37 %). Pour chaque dollar de nouvelles richesses mondiales gagnées par une personne faisant partie des 90 % les plus pauvres, un milliardaire a gagné 1,7 million de dollars. La fortune des milliardaires augmente de 2,7 milliards par jour. »… Parallèlement, au moins 1,7 milliard de personnes vivent dans des pays où les salaires ne suivent pas le rythme de l’inflation, et plus de 820 millions de personnes, soit une personne sur dix dans le monde, souffrent de la faim. Ce sont souvent les femmes et les filles qui mangent le moins, et en dernier. Elles représentent près de 60 % de la population mondiale qui souffre de la faim. » (Sources Oxfam)

De son côté, la revue Challenges  donnent quelques chiffres à donner le vertige :

44,5 : C’est en milliards d’euros, le montant cumulé de la fortune des milliardaires français. Selon le classement Challenges publié à l’été 2022, la France possède plus de cent milliardaires.

89 : C’est, en milliards d’euros, l’augmentation de la richesse des dix premières fortunes françaises, depuis 2020. Cela correspond à une hausse de 58 % pour l’ensemble des plus grandes fortunes françaises. Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde à la tête de LVMH (actionnaire minoritaire de Challenges) a vu sa fortune doubler depuis le début de la pandémie du Covid-19, passant de 85,7 milliards d’euros en 2020 à 184 milliards d’euros en fin 2022.

Que faire face à ces repus qui se gavent toujours plus au détriment des salariés ? Oxfam préconise la taxation de leurs revenus. Oui, parce ces voraces ne sont pas taxés. Savez-vous que 12% des revenus des milliardaires français suffiraient à combler le soi-disant déficit des retraites ? (Cette estimation a été faite par le Conseil d’orientation des retraites (COR) dans son rapport sur l’état du système des retraites en France.)

Mais le gouvernement préfère nous leurrer avec sa fumeuse théorie du ruissellement ou la main invisible du marché et favoriser ses copains-coquins ! « L’imposition des personnes riches est une condition préalable stratégique si l’on veut réduire les inégalités et éviter d’affaiblir la démocratie. Nous devons la réinstaurer pour soutenir l’innovation, renforcer les services publics et favoriser le bien-être et la santé des sociétés», estime Gabriela Bucher directrice d’Oxfam.

On comprend que les membres exploités de la société, les éternellement pauvres, ceux qui ne savent pas « traverser la rue pour trouver du travail » comme le disait Macron, ceux qui survivent dès le 10 du mois « ont les boules ». Plus concrètement, on comprend la colère qui monte devant ces injustices et face à ces extrêmement riches. On taxe les salaires sur le travail pendant qu’on ne taxe pas les revenus des goinfres. Cherchez l’erreur. Si ces derniers et les gouvernants n’entendent pas ou ne veulent pas écouter les cris de souffrance et de détresse de ceux qu’ils exploitent et maintiennent dans la misère, je ne donne pas cher de la démocratie dans le pays. Leur pauvreté les exclus du monde des hommes.

« La concentration extrême des richesses mine la croissance économique, corrompt les politiciens et les médias, corrode la démocratie et augmente la polarisation », écrit l’ONG, ajoutant que « les inégalités sont devenues « une menace existentielle pour nos sociétés, paralysant notre capacité à endiguer la pauvreté », et mettent « l’avenir de la planète […] en péril ».

Est-ce monde bipolaire, injuste, amoral, inéquitable que nous voulons ?

Voir aussi l’analyse de La croix
En savoir plus sur le rapport Oxfam (très instructif !)

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