Joyeux Noël et Meilleurs vœux de Patagonie

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C’est du continent sud-américain où nous sommes pour deux mois chez nos enfants François et Viviane que nous vous adressons nos vœux … Avant les fêtes de Noël, nous venons de faire une pause d’une semaine en leur compagnie en Argentine, loin de la fébrilité de São Paulo.
… Avec la question incontournable au cœur du dérèglement climatique des transports par avion transcontinentaux ou transnationaux sur des milliers de kms… Mais comment faire autrement pour voir ses proches si lointains ?
Ces vœux sont longs ! … à la mesure de ce que nous vivons et de ce que nous portons pour chacun de vous et pour notre vivre-ensemble planétaire.
La Patagonie que nous venons de découvrir avec nos enfants et la mère de Vivian, est encore pétillante dans nos yeux et notre cœur pour vous souhaiter un joyeux Noël et une bonne et heureuse année 2020.

Ces immenses étendues de Pampa et ses hauts sommets andins, tel le Fitz Roy, nous rejoignent pour vous inviter à voir loin, à voir haut, à voir autrement.

Quelle surprise, à El Chalten en Patagonie, de découvrir combien sont présent les noms de montagnards français venus conquérir ces cimes du bout de monde : Poincenot, Terray … et de voir que les sommets environnants (tout comme les rues, les hôtels et les restaurants de ce ce petit village aux voies poussiéreuses) portent les noms de Mermoz, Guillaumet, Saint Exupéry. …

Des noms qui ne diront sans doute rien aux jeunes … (mais nous les invitons à découvrir leur épopée par internet ou par des livres tels que « Terre des hommes » !)

Pourquoi (pour quoi) en parler dans ces vœux ?
Parce que ces hommes nous inspirent. Ce sont des conquérants de l’inutile, des hommes de foi en l’impossible. Parfois au prix de leur vie, ils sont partis au bout de leur rêve, dans une exigence de liberté et une volonté sans faille pour réaliser leur passion. Et que dire de leur immense fraternité quand l’un ou l’autre se perdait ! Tissage de liens solidaires dans les cordées ou les adversités. Le chacun pour soi ne pouvait avoir lieu…

Guillaumet, par exemple, le 13 juin 1930, décolle du terrain de Colina, avec une météo exécrable, pour sa 92ème traversée de la cordillère des Andes, aux commandes de son Potez 25. Après avoir vainement tenté de se faufiler à travers la montagne par la voie habituelle, et pris dans des vents rabattants, il ne parvient pas à repasser les à-pics et doit se poser après avoir cherché un passage dans la montagne pendant 2 heures, jusqu’à la panne d’essence. Durant l’atterrissage, la neige s’accumule devant ses roues et finit par bloquer son avion qui effectue un « pylône » et se retrouve tête en bas. Bloqué par la tempête, il passe les deux premières nuits enveloppé dans son parachute, dans un abri qu’il a creusé dans la neige sous l’aile de son avion retourné. Puis, au matin du 3e jour, alors que le temps s’est calmé, il aperçoit dans le ciel un avion parti à sa recherche. Il tire une fusée de détresse mais l’avion continue sa route sans le voir. Il décide alors de partir à pied après avoir inscrit sur la carlingue de son avion, à l’aide d’un caillou ; « N’ayant pas été repéré, je pars vers l’est. Adieu à tous, ma dernière pensée sera pour ma femme ». Il emporte sa petite valise contenant seulement une boussole, une lampe électrique, un petit réchaud à alcool solidifié, des allumettes et quelques vivres. Il se met en route en estimant qu’avec 3 à 4 jours de beau temps et de lune claire, il pourrait marcher jour et nuit et accomplir les 60 kilomètres qui le séparent de la plaine argentine. Très vite fatigué par le froid et l’altitude, il se force à ne jamais s’endormir, sachant que le sommeil risque d’entraîner sa mort. « Après deux, trois, quatre jours de marche, on ne souhaite plus que le sommeil. Je le souhaitais. Mais je me disais : Ma femme, si elle croit que je vis, croit que je marche. Les camarades croient que je marche. Ils ont tous confiance en moi. Et je suis un salaud si je ne marche pas ». Il ne le savait pas, mais il n’était qu’à un jour et demi de marche d’un village argentin, Or il choisit la mauvaise direction, entraînant une marche de cinq jours et quatre nuits avant de rencontrer un adolescent argentin de 14 ans, Juan Gualberto Garcia, et sa mère, qui le recueillent près d’un ruisseau. Les secours sont prévenus par le père de l’adolescent et Guillaumet est alors conduit au village de San Carlos où il est récupéré par son ami Antoine de Saint-Exupéry. L’exploit, que les habitants des vallées résument parfaitement «Es imposible», construit la légende de cet homme discret au milieu des grands noms de l’Aéropostale.
À Antoine de Saint-Exupéry, venu le rechercher, il déclare, « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait » (d’après Wikipédia)

Oui, des conquérants de l’impossible qui nous exhortent aujourd’hui à ne pas baisser les bras dans les épreuves.

Ils avaient découvert qu’il y avait dans leur cœur quelque chose de plus grand qu’eux et que la vie ne valait d’être vécue que dans le dépassement d’un moi pris dans les filets du quotidien, du nécessaire routinier et qui ne demande qu’à se dépasser dans l’altruisme la solidarité et la bonté.

Ces vies nous interrogent : et moi, et nous, quelles sont nos passions ? Pour quels enjeux brûlons-nous nos cartouches ? A quel impossible sommes-nous appelés ? De quel inutile mais signifiant sommes-nous porteurs ?

En arpentant les chemins de randonnée de Patagonie, comment pouvions-nous ne pas penser á ces pionniers d’aujourd’hui qui creusent des trouée de lumière dans les cieux: des hommes et des femmes qui se lèvent ici, là, partout. Femmes du Chili, Gilets jaunes de France, jeunes d’Algérie ou de Hong-Kong, migrants d’Afrique, militants écologistes d’Amazonie, paysans du Mouvement des Sans-Terre, lanceurs d’alerte …
Nouveaux prophètes, certes dérangeants mais qui dévoilent une Nouveauté déroutante et pleine de promesses … Car elle advient ! Ne la voyez-vous pas ?

Elle est là, discrète comme l’espérance, silencieuse comme un murmure au fond du cœur, mais tout aussi bruyante de l’impatiente attente qu’autre chose est possible; elle est décidée et rien ne l’arrête. 

Qui va nous apprendre à voir cette advenue ? A entendre les gémissements de cet engendrement ? A consentir à l’accueillir ?  A accepter d’être délogé de nos certitudes et de nos trompeuses possessions ? A dire oui à cet appel à plus d’humanité  ? A vivre une gratuité totalement désintéressée ? Qui, sinon des frères donnés à nos humanités…

Au-delà des mots convenus et des vœux formels, nous voulons vous parler d’une vie pleinement vivante …. loin des futilités égoïstes et de toutes nos prédéterminations biologiques souvent faites de peurs et d’insécurités qui nous ligotent.

Nous y croyons : Il nous faut renaitre …

Un Esprit empli de foi en l`homme plane sur le monde, à l’œuvre, sans cesse.
Esprit de paix, de liberté, de gratuité, donnant a profusion sa Vie vivante, malgré les chantages des corbeaux politiques, religieux ou financiers sournois et malfaisants de triste augure qui volent en rangs serrés. Rien ni personne ne peut le faire taire.
N’allez pas croire qu’II plane par dessus les sombres nues qui nous menacent comme s’ Il n’était pas concerné …. C’est dans le cœur même de ces hommes et de ces femmes qui résistent à  l’ignominie, qui refusent l’intolérable, marcheurs à son Souffle de fraternité qu’il fait sa demeure…. dans le nôtre aussi…

Avec ces rebelles, Il appelle chacun dans le concret de son existence, avec ce qu’il est, ce qu’il a, pour annoncer que la joie peut nous être donnée et reçue dès maintenant par delà les dérangements immédiats, l’intranquillité ou les insatisfactions légitimes.

Et si Noël était cette advenue d’un impossible et d’un incroyable, à la fois sans cesse à venir et sans cesse réalisée, dans chacun de nos jours, à l’intime de nos vies et de nos relations ?
 … Pour nous inviter à dépasser la lourdeur de nos larmes, de nos impasses et de nos découragements et accéder à la foi que l’avenir est ouvert. 

A la limite, peu importe foi en qui ou foi en quoi… Si, peut-être…  foi tout « simplement »en la Vie, … L’heure n’est plus aux croyances frelatées, aux espoirs manipulateurs, aux propos mensongers, aux vœux pieux. Ils sentent le rance.
Le « vol noir des corbeaux sur la plaine  » n’aura pas le dernier mot.

Avec tous ces rebelles, dans la fidélité aux invitations de cet Esprit qui nous parle au cœur pour peu que nous nous mettions à son écoute, soyons les ardents artisans de ce monde nouveau en train de germer.

Don Helder Camara évêque de Récife au Brésil affirmait que « l’utopie partagée, c’est le ressort de l’histoire ». Nous pourrions aussi relire et méditer sa réflexion sur la « violence »* pour mieux comprendre l’onde qui sourd du tréfonds de l’Histoire, des peuples et des cœurs des pauvres, des « sans-dents » et des « riens ».

A la violence des prédateurs-bonimenteurs-manipulateurs de tout poil, répondons avec les armes de la non-violence …. Mais est-ce encore possible ?
Sous et dans la poussée cosmique de cet Esprit, cet avenir sera ce que nous en ferons, avec persévérante et fidélité, pour nous, nos enfants, nos frères en humanité, notre mère la terre.

Que la Vie du Vivant déborde !  … et souffle de la pleine puissance du « viento » décoiffant et continu d’El Chalten.

Participons ! Ne restons pas les bras croisés de dépit …
Ne ratons pas le train !

Noël ! … Un enfant démuni nous montre le chemin.
Aidons-nous les uns les autres pour nous engager à sa suite.

Avec lui, ensemble,
soyons Noël ! 

Que tous nos vœux de Paix et de confiance pour chacun vous accompagnent pour traverser cette année qui s’annonce !

*
« Il y a trois sortes de violence.
La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui écrase et humilie des millions d’hommes, la violence aux rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui se fait l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas pire hypocrisie que de n’appeler violence que la deuxième, en feignant d’oublier la première qui l’a fait naître et la troisième qui la nie ».

et, en écho, ces paroles de l’abbé Pierre :

« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure « Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix ! », je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous !
Quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir.
Mais nous ne trompons pas, il n’y a pas de violence qu’avec des armes, il y a des situations de violences… »

 

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