Massacre des innocents

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« …Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. » Luc 14-33

Cette phrase attribuée à Jésus ne serait-elle pas une invitation à ouvrir les yeux et être lucide sur ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine, entre le Hamas et Israël, au Soudan et dans tant d’autres guerres fratricides ? Parce que les bombardements et massacres des Ukrainiens et des Palestiniens ne mèneront à rien, surtout pas à la paix. A vouloir tuer un moucheron (gros ; il est vrai !) avec des obus et des tanks qui terrorisent, affament et massacrent des populations civiles indistinctement, on ne favorise pas la Paix, c’est le moins qu’on puisse dire !

L’horrible expression « lois de la guerre » tente pourtant depuis des siècles de limiter les carnages et de mettre des garde-fous (oui, se garder de la folie vengeresse des impuissants courbés sous le joug de la folie de puissants illuminés) pour ne pas tomber dans l’avilissement de l’humanité : celle qui subit et celle qui commet l’innommable. Le « tu ne tueras point » de Moïse,la loi du talion (œil pour œil dent, pour dent)qui limite la vengeance, en passant par le « aimez vos ennemis » de Jésus, la Trêve de Dieu au XIème siècle, jusqu’à récemment les appels de la Société des Nations avant qu’elle ne devienne l’ONU, semblent dire que de tous les temps, les hommes favorisent la violence pour régler leurs comptes et asseoir leur pouvoir, et, en même temps, que d’autres aspirent à vivre en sécurité et en paix et recherchent des solutions pour les favoriser.

S’asseoir pour dialoguer

La violence mène à des impasses et à des rancœurs haineuses qui vont durer pendant des générations. Pas d’autre solution que de « s’asseoir » autour d’une table, de dialoguer « pour demander les conditions de paix » et se faire entendre. Sans esprit revanchard comme en 1918 qui a préparé la guerre de 39-45. Peut-être, comme Afrique du Sud en 1993-1995, à travers la « Commission vérité et réconciliation », pour mettre fin aux atrocités commises sur la population noire par des blancs suprémacistes qui avaient usés jusqu’à l’écœurement de meurtres, tortures, viols, mutilations, exils forcés. Avec pour seule réponse la non-violence, celle qui fait grandir les hommes en vérité et en plénitude. Pas une partie de plaisir pour autant, mais une profonde satisfaction qui met en paix intérieure.

Sans doute faudra-t-il faire la lumière sur le passé et les conditions d’agression, sinon pas de réconciliation possible, pas de pardon qui puissent inscrire les protagonistes dans un avenir plus serein. Il faut impérativement en tirer les leçons, sans oublier les atrocités (mais est-ce possible quand on voit la montée du fascisme ?). En Ukraine tout comme en Palestine ce n’est plus la couleur de la peau ou les croyances religieuses qui comptent (quoique !) mais le fait de se croire élus (choisis par « dieu »), de s’estimer supérieurs qui autorise toutes les exactions exterminatrices, avilissantes et méprisantes (les Palestiniens sont des « animaux » déclarait récemment un ministre Israélien), en bafouant tous les appels politiques, humanitaires, pacifistes qui montent des quatre coins de la terre…

Ces « ça suffit ! » rejoignent les cris des humiliés et des victimes qui n’ont d’autres possibilités de survie que notre solidaire compassion et nos agirs (bien maigres) pour demander à nos « propres » « responsables », en notre nom, de prendre les moyens de faire taire les canons. Il en va de notre dignité et de l’avenir de nos humanités, les nôtres propres et celle de nos frères humains.

Peut-être aussi chercher à déployer en nous nos propres zones de paix pour les vivre autour de nous. Par contagion, elles appelleront les cœurs autour de nous à faire de même.

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