Souveraineté alimentaire et migrants

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Des mots a priori rébarbatifs, loins de nos préoccupations franco-françaises ou lassants à la longue… Malheureusement !
Et pourtant ! là se trouve l’une des clés de notre vivre-ensemble planétaire.
De quoi s’agit-il ? Allons dans l’ordre :

Via Campesina (la voie des paysans) est un mouvement international qui coordonne des organisations de petits et moyens paysans, de travailleurs agricoles, de femmes rurales, de communautés indigènes de différents continents. Il a vu le jour en 1993. J’ai eu la chance de les rencontrer au Brésil ainsi que son président/fondateur Joao Stedile.

La souveraineté alimentaire, concept clé de la Via Campesina a été inventé en 1996. Cette notion a été adoptée depuis  par plus de 400 ONG de la planète (dont le CCFD terre solidaire en France), et par les forums sociaux altermondialistes.
« La souveraineté alimentaire est le droit des peuples, des communautés et des pays de définir leur propre politique agricole et alimentaire (agriculture, travail, pêche, avec un objectif de développement durable et de déterminer leur degré d’autonomie alimentaire, dans des conditions de travail et de rémunération décentes,et ce, avec un objectif de développement durable.  »

Quel lien avec les migrants ?

La Revue de la Via Campesina « Nyeleni » dans son dernier numéro (le 34) écrit ceci dans son son édito :
Cette édition est dédiée au problème lancinant de la migration et ses implications dans notre lutte pour la souveraineté alimentaire. La soi-disant crise migratoire a pris un tournant pour le pire avec la nouvelle politique anti-migratoire de Trump, séparant de manière inhumaine les familles et emprisonnant des enfants migrants dans des camps de concentration, tout cela alors que des réfugiés tentant d’entrer en Europe continuent de,mourir en Méditerranée.
Les Nations Unies ont déclarées que quasi 300 000 personnes ont dû quitter leur terre natale et essaient d’entrer dans des pays qui les rejettent et les criminalisent. Ils sont des gens sans pays. Beaucoup fuient à cause de la violence des guerres d’occupation, d’autres fuient à cause des désastres de la crise climatique et beaucoup plus encore à cause des inégalités du système capitaliste qui est vorace et sauvage. Alors qu’une bonne partie de la société est remuée par le drame de la migration, spécialement quand ils voient les images d’enfants noyés dans la Mer Egée ou d’enfants emprisonnés dans des camps de concentration au Texas, il semblerait que personne ne sache quoi faire pour trouver une solution à la migration.
Pour notre part, le Collectif sur les Migrations de la Via Campesina propose de comprendre la migration comme un acte de résistance par ceux qui sont dépossédés. Quand des être humains laissent leurs familles, leurs communautés et leurs terres, ils remettent en question le système qui les a condamnés à disparaître en tant que paysans, en tant qu’indigènes, en tant que femmes, en tant que personnes de couleur, en tant que jeunes, comme personne venant d’une autre culture, en tant que communauté et en tant que personne. Donc la migration est un acte de résistance.
En comprenant la migration de cette manière, nous reconnaissons dans la lutte de la Via Campesina le rôle-clé des migrants et leur potentiel en tant qu’acteurs du changement. Nous espérons que les témoignages, articles et prises de position disponibles dans cette édition de Nyéléni va tous nous aider à comprendre la centralité de la migration dans nos luttes pour atteindre la souveraineté alimentaire de nos peuples.  »

Je vous invite à découvrir cette revue (6 pages) et à vous y abonner (c’est gratuit !).

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