Heureux Noël !

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Huit siècles environ avant J.C, un certain Isaïe proclamait une conviction : « Le Peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… »
C’est un peu notre aspiration aujourd’hui. Dans notre Monde il faut vraiment écarquiller les yeux pour voir une lumière dans les ténèbres qui nous entourent et discerner vers où on marche ! Les épreuves ne manquent pas  : dans notre société, dans nos lieux de travail, les hôpitaux, dans les familles en souffrance, en deuil ou en détresse, chez les individus angoissés, vis-à-vis d’un avenir anxiogène et incertain …
Non, à première vue, nous ne voyons rien venir ! Nos yeux sont embués par le chagrin, la colère ou la peur.
Une nouvelle fois, Noël nous invite à déblayer les gravats qui s’amoncellent dans nos regards pour nous redonner une lueur, une étincelle d’espoir.

Car des signes nous sont donnés à voir. Tous simples. Ils nous dessillent les paupières et nous ouvrent à l’Important car il s’agit d’un Dévoilement pour qui sait recevoir les invitations à entrer dans cette vision d’un déjà-là lumineux qui éclaire l’obscurité où nous sommes plongés. Comme à l’image de ce rouge-gorge qui nous visite chaque jour en venant picorer les graines que nous lui mettons à disposition durant la période hivernale. Ces « visitations » régulières nous réjouissent et nous mettent en communion avec la Terre entière à travers lui. Devant nous, si proche, il est la première étape de notre regard émerveillé qui ensuite s’élargit sur les croupes des collines en face avant de buter sur la barre des Dourbes sur laquelle le soleil chaque matin joue à saut-de-mouton pour illuminer le tableau tout entier. Nous ne nous fatiguons pas de contempler à longueur de journée les variations de lumière sur le paysage qui nous est offert.
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Contemplation

Montée vers la Chapelle St Pancrace

Nous recevons ce jour un mail tout simple des amis de la chapelle St Pancrace  : « Depuis le 7 décembre, vous pourrez venir admirer la nouvelle crèche de St Pancrace. (ne pas oublier 1 € pour l’éclairer) et prendre de l’énergie pour lutter contre l’épidémie comme nos anciens après la peste de 1629 !!
Bonne fin d’année pleine d’espoir, amour fraternité. »
Tout est dit !
Et pour qui a du mal à voir et à comprendre, un petit euro peut nous aider à observer finement ce qui se passe ! Il s’agit de reprendre des forces, de l’énergie, de puiser une espérance et une fraternité dans la contemplation d’une crèche des santons de Provence dans une pauvre chapelle perdue là-haut sur la montagne. Il nous faut y accéder par un chemin escarpé. Le « voyage » à lui seul nous met en route pour recevoir le don d’un enfant démuni.
Ne pas être scotchés dans nos certitudes et nos sécurités mais monter pour apprendre à renaître. Le nostalgique décor d’une crèche nous convie à bâtir dès maintenant une réelle fraternité qui va nous bousculer et nous déranger certes, mais y a-t-il d’autres solutions  face à l’individualisme qui nous menace ? Faire de la place dans l’hôtellerie de nos cœurs pour accueillir l’Imprévu qui advient .
Les crèches devraient devenir « Patrimoine de l’humanité » tant ce symbole dépasse le religieux et rejoint tous les hommes de bonne volonté !

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Recouvrement

Voilà ! la neige s’installe et nous nous réjouissons du bonheur qu’elle procure à travers les partages des photos des monts enneigés sur les réseaux sociaux. Il y a en chacun une soif de beau, un désir de pureté, une volonté de donner à d’autres ce qui nous parle et nous émeut, une connivence qui s’installe à la fois avec la nature et avec ses semblables : on ne peut garder pour soi ce qui nous rejoint profondément au cœur. Perspective d’une fête d’Amour et de Paix qui se dessine dans cet « avent » Noël ? Sans doute. Peut-être aussi (re)découverte d’un Essentiel qui nous constitue et ravive en nous notre soif de relations fraternelles déposées depuis toujours dans nos cœurs : nous voudrions qu’il en soit toujours ainsi. Ah ! Que la fugacité de ces invitations ne nous fasse pas sombrer dans la désespérance, la routine ou les habitudes mortifères mais au contraire nous poser et nous maintenir de longs jours dans cet ardent désir de vouloir un bonheur pour tous… et d’en prendre les moyens pour le vivre !
Cette neige apaisante qui recouvre aussi les inévitables scories de nos paysages intérieurs nous pousse à tourner nos regards vers nous-mêmes pour entrer dans la contemplation de qui nous sommes :  des êtres de bonté et de beauté, assoiffés d’une pureté originelle qui ne demande qu’à être restaurée. Soyons-en assurés et n’oublions pas qui nous sommes en vérité !

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Dévoilement


Le confinement et sûrement  notre mode de vie en retrait dans la montagne ont favorisé une mise à distance de toutes les sollicitations de la société aujourd’hui. Une simple visite il y a quelques jours dans une grande surface que nous n’avions pas fréquenté depuis des mois nous ont fait prendre conscience de la folie consumériste aggravée en ces périodes de fêtes. Nous étions à la fois désolés et désemparés devant l’aspect matérialiste, sans horizon aucun, de ces incitations à dépenser. Sollicitations tant visuelles que sonores, faites de mièvreries agressives et d’illusions clinquantes. Oui, sans horizon car la dimension spirituelle est complètement ignorée. Vous savez, ce discret murmure en nous qui nous dit qu’il y a plus grand que nous et nous invite (pour peu que nous prêtions l’oreille intérieure à cette écoute) à croire que l’espérance et le vrai bonheur nous attendent à chaque minute. Et ce ne sont pas les chants sirupeux de Noël des haut-parleurs qui donnent le change face à la tristesse morne qui semble habiter les clients. Ont-ils perdu le gout de la liberté et de la joie ? Et surtout le sens de ce qui se prépare s’est-il dissout dans l’individualisme et la perte de repères essentiels à tout homme épris de simple humanité ? La féérie trompeuse des lumières et le consumérisme peuvent cacher un vide. Le refus ou la mise de côté d’un « risque » spirituel éteint tout velléité de grandir en pleine humanité. Cette dimension spirituelle, constitutive pourtant de l’homme, met l’humanité en agonie quand elle est ignorée, refusée ou combattue…
Et comme pour Isaïe chacun peut entendre le même appel et la même invitation à y répondre :
« … Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? Je répondis: Me voici, envoie-moi… »
Un envoi pour participer de concert à l’acte créateur de Dieu. Une création jamais finie, actuelle au plus haut point.  « Ils errent comme des brebis sans berger… » alors « donnez leur vous-mêmes à manger ! » c’est-à-dire « donnez-vous vous-mêmes à manger. Soyez bon pain les uns pour les autres en donnant de vos vies, de vos temps, de vos richesses… »

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Soif de liberté

C’est vrai que les circonstances de vie aujourd’hui ne nous poussent pas à la jubilation ! Samedi dernier j’ai une nouvelle fois participé à une manifestation pour plus de liberté et d’ouverture face à l’infantilisation et la déresponsabilisation que font subir les autorités gouvernementales pour leur peuple de plus en plus sans horizon.
Peu de monde : 250 personnes rassemblées dans la petite ville-préfecture des Alpes de Haute Provence.
Au fond des cœurs et des yeux une belle lueur de fraternité qui reflète que ces manifestants y croient encore. Ils  ne se découragent pas : malgré le froid et la neige ces hommes et ces femmes se sont déplacés pour dire l’intolérable d’un-vivre ensemble inajusté.
Oh ! Parfois le ton et les visages chez certains semblent être pris par une revendication qui reflète qu’ils peuvent être embarqués eux-mêmes par l’agressivité et la violence qu’ils subissent. Mais la plupart reste confiant qu’un avenir juste et solidaire peut advenir malgré les restrictions des libertés et un autoritarisme violent qui étonne le Monde entier.
Ces ardents mettent les distances pour ne pas se laisser happer par les filets des mensonges et des manipulations. Ils savent prendre de la hauteur, lucidement, pauvrement aussi, pour inviter à travers leur petite et insignifiante manifestation à regarder autrement, pour porter haut leur sens de l’Homme, de sa grandeur et de son émancipation.
Gravité de ces combats de l’ombre et dans la durée qui usent par la répétition et l’érosion de fausses certitudes mais tissent peu à peu un réseau, une tunique nouvelle pour vêtir ceux qui n’ont plus rien à se mettre sur le dos.
Désolation aussi de voir au périphéries de ces marches d’autres gens qui passent et circulent, comme absents et repliés sur eux-mêmes. Ils font comme si de rien n’était, dans l’ignorance des cris de ceux qui dénoncent et luttent pour la dignité de l’homme. Cris dans les déserts de l’indifférence et du chacun pour soi.
Mais la promesse de montagnes aplanies et de ravins comblés ne restera pas un mythe de plus. D’un rameau  a surgi l’Incroyable et l’Improbable.:

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Fraternité

L’exploit est sans doute passé inaperçu pour beaucoup. Celui du sauvetage de Kevin Escoffier par Jean le Cam pendant le Vendée Globe dans les mers australes. (Son voilier a littéralement été plié en deux par la violence des vagues avant de rapidement sombrer).
Alors que l’Agence Frontex (financée par les citoyens européens à coups de milliards d’euro) joue aux pirates en violant les droits humains des migrants et en dissimulant ses forfaits malgré les plaintes de certains eurodéputés (l’Agence Frontex attaque les migrants sur des embarcations de fortune et les repousse hors des eaux de l’Europe à coup de bâtons ou d’armes à feu vers les eaux internationales), la vraie fraternité des gens de mer s’est humblement effectuée dans le sauvetage de Kévin Escoffier.
Comme naturelle, allant de soi !
On ne laisse pas sombrer ou mourir un marin en difficulté. En Bretagne on sait cela. Il faut en faire l’expérience ou avoir entendu et vu le désarroi de familles de marins pêcheurs disparus pour comprendre.
Quatre concurrents se sont déroutés pour tenter de retrouver son radeau de survie et sauver le naufragé. Quatre concurrents pris dans des creux de 6 m qui lâchent la course et la compétition pour venir en aide à un des leurs. C’est Jean Le Cam qui patrouillera pendant des heures à tourner pour le retrouver, le sauver et le remettre à un navire de la Marine.
Le fort esprit de solidarité des marins nous montre que sommes bien impuissants sans un réel compagnonnage et une vraie entraide qui dépassent tout ego. Confronté aux forces adverse de la nature n’est-ce pas le lot de tout homme où qu’il soit ? Ainsi aussi, dans le Désert ou en Montagne, on sait se mettre en quatre pour venir en aide à ceux en danger de mort. Pas de raisonnement superflu mais un « comme allant de soi » qui vient du cœur. Un exploit de tous les jours. Parfois au péril de sa vie pour sauver la vie de l’autre.

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Prends moi la main

La civilisation de consommation nous mettrait-elle en danger de mort ou nous ferait-elle oublier notre interdépendance humaine ? Nous sommes des êtres reliés, souvent en confrontation ( et c’est sain de l’être en respectant l’autre !), mais plus encore malgré les apparences : « Nous sommes à l’intérieur les uns des autres » disait Christiane Singer. Nous voici  en réseau de profonde amitié et d’entraide, en recherche d’accords d’une mélodie inédite encore jamais jouée sur les violons de nos vies. Notre époque est propice à ce concert nouveau.

Que serai-je sans toi qui vins à ma rencontre…? » écrivait l’amoureux poète Louis Aragon à son Elsa. Question que nous pourrions adresser à tous les hommes proches et lointains alors que :
« .. J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu’il fait jour à midi, qu’un ciel peut être bleu
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne

u m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux

Tu m’as pris par la main comme un amant heureux… »

Comment peut-on encore épouser les fausses et perfides nouvelles dans laquelle nous sommes plongés, dans « l’hypnose socialement programmée »  pour nous décerveler et nous manipuler ? et de ne plus pouvoir « réaliser » un « plus jamais çà «  ? Il nous faut être lucide et conscient des tourments de notre Monde : condition indispensable pour l’habiller d’habits neufs et devenir acteurs et témoins d’un Possible pacifique et solidaire. C’est sans doute cela la conversion proposée dans notre marche vers une nouvelle naissance en nous : « une grâce à recevoir pour nous ouvrir à la beauté, à la bonté et à la tendresse «  (Pape François ) d’un Dieu qui ne cesse de se donner. A recevoir car se convertir appelle encore notre volonté et nos initiatives alors que tout est à lâcher. Demandons et recevons.

Le danger mortel qui nous guette c’est de croire que le chacun pour soi sera sauveur. Au contraire, il nous faut nous ouvrir à l’autre pour tout apprendre de lui, pour savoir ce que c’est qu’être deux, pour nous prendre par la main dans cet enfer moderne… Que serions nous si nous n’étions pas d’abord des êtres de reliance, abrités à l’intime de chacun  ?

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Survivre

Les réseaux sociaux, en ces périodes moroses nous offrent, avec délectation parfois, l’humour et la dérision pour traverser ces heures sombres. Seul exutoire pour certains pour ne pas pleurer de désolation et de tristesse. Ils rejoignent la cohorte de ceux qui n’ont même plus le rire pour sortir la tête hors de l’eau. Souffrances psychologiques et morales, détresses physiques et matérielles les dépossèdent de leur humanité. Ils n’ont même plus cette issue de sortie qu’est le rire « propre de l’homme » pour ne pas sombrer. Survivre chaque jour, chaque heure, devient leur obsession. Et ces parias de la société n’ont même plus ni le temps ni les moyens pour réfléchir et exercer leur liberté. Dans leur détresse ils préfèrent l’autorité, l’ordre et la sécurité. 13 millions de pauvres en France. Des milliers d’enfants à la rue. Des centaines de milliers de personnes sans un vrai toit. Non ! on ne peut plus rire quand des millions de gens pleurent dans notre beau pays.
Sans un travail, un toit, de quoi manger, ces besoins basiques, comment penser à autre chose ? La férocité de certains crocodiles pour manger l’autre, en profiter, abuser de sa faiblesse ne semble plus avoir de limites.
Et nous avons vu nos voisins aux fins de mois difficiles nous donner et partager : qui un coup de main, qui des pots de confiture, qui un sourire malgré le manque de travail et une voiture qui vient d’être abimée et bonne pour la casse.
Ils nous montrent que pour sortir la tête hors de l’eau et garder l’espoir le regard qui sort de soi et se pose sur le voisin proche peut être lumière dans la vie de chacun.

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Révélation



Alors que nous enseigne la contemplation de la crèche de St Pancrace qui du haut de son mont veille sur la ville de Digne à ses pieds ?
La recherche de la beauté et de la tendresse, la quête de justice et de solidarité, le partage fraternel sont l’avenir de l’homme. La sobriété et la simplicité sont l’avenir de la planète.
Ce pourrait être un programme tout simple. Mais submergés par les vagues du conformisme et du consumérisme nous sommes devenus inconscients de la seule richesse qui nous habite : la dimension spirituelle si décriée et si refusée aujourd’hui.
On aura beau lutter contre sa disparition elle est pourtant présente, indestructible, inscrite au fond de chacun.
Contempler la crèche c’est aussi entrer dans une espérance : bien sûr, à court terme on ne voit rien venir. Mais prendre conscience que nous entrons dans un long cortège d’humanisation c’est déjà « entrevoir » dans cette marche humaine le but du chemin et y participer, ici et maintenant à l’amorisation du Monde.

C’est là le message de Noël : Chaque homme a de la valeur.
En fin de compte cette Lumière de Noël qu’il nous est donné de voir n’est-elle pas celle en dedans de nous, à l’intime de chacun ? C’est à partir d’elle que toutes les agressions extérieures pourront être illuminées et anéanties; et que Ciel et Terre entreront dans une louange de reconnaissance et de joie pour l’Homme qui nait à chaque instant à sa pleine humanité.

Heureux, paisible et joyeux Noël !
Que dans nos marches communes
nous puissions voir et partager
le lever d’une grande lumière
en chacun de nous et en l’autre
!

Une réponse sur “Heureux Noël !”

  1. Merveilleux message, profonde réflexion , beauté des paysages, pertinence des photos ,…merci pour le rouge gorge et le déploiement de ta vie intérieure…étant plus libre à présent que je laisse totalement la clinique, je vais prendre le temps de vivre un peu plus la profondeur …
    Que grandissent Joie et Espérance dans vos cœurs .

    ????❣

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