La Vérité rend libre

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Certains m’en voudront de publier cet article et de vouloir remuer, disons le mot crûment, la merde. Mais c’est nécessaire !
En Irlande 9 000 enfants sont morts entre 1920 et 1998 dans d’anciennes maisons pour mères célibataires tenues par des religieuses catholiques selon une commission d’enquête publiée le 10 janvier dernier qui a été  déclenchée par la découverte d’un charnier sur l’ancien site d’un hospice.
Après 5 ans de recherches et d’investigations voici un rapport au contenu qui fait frémir de honte et de dégout …

Le catholicisme « a renforcé [l’attitude envers les filles mères] par des enseignements qui soulignaient l’importance de la pureté prénuptiale et les dangers sexuels associés aux salles de danse, aux vêtements impudiques, aux bains mixtes et à d’autres sources de «tentation» ». Sans oublier les « sermons de l’Église dénonçant l’immoralité sexuelle et les maux de la société moderne »… nous dit le journal La Croix.
Je pourrais, comme beaucoup, fermer les yeux et laisser couler cette information ou plutôt ce scandale.
Voilà où peut mener une morale rigide dans un pays puritain où le catholicisme imprégnait de manière forte la société irlandaise. Cette morale n’est pas seulement religieuse mais aussi étatique.

Où mène une morale puritaine

Les jeunes femmes et jeunes filles qui avaient « fauté » dans la prude Irlande entraient dans ces établissements pour mettre au  monde  leur enfant conçu hors mariage, en se cachant de la société qui, elle-même était au courant de ces méthodes. Et pour celles qui étaient rejetées par leur propre famille et sans toit et sans relation, elles y restaient sur place comme blanchisseuses, maltraitées et exploitées.

Considérés comme illégitimes, les enfants qui y naissaient étaient souvent séparés de leur mère pour ensuite être adoptés (500 vers les Etats-Unis), rompant tout lien avec leur famille biologique. Mais beaucoup, mourait en bas âge au vu des conditions dures et insanes des structures d’accueil (La plupart des décès dont les causes étaient identifiables étaient dus à des infections respiratoires et des gastro-entérites). Ils étaient alors enterrés dans des fosses communes (800 enfants dans une seule fosse près de Galway). 

Des enfances et des vies perdues

« Toute la société était complice », a résumé le Premier ministre Micheal Martin à l’occasion de la publication après cinq ans d’enquête du rapport de 3 000 pages. Il a annoncé qu’il présenterait les « excuses » de l’État mercredi devant le Parlement irlandais. Par contre on attend toujours une excuse ou un acte de repentance de l’Eglise irlandaise.
La commission met en évidence à quel point le « manque d’éducation sexuelle a laissé des jeunes femmes dans l’ignorance même de comment et pourquoi elles sont tombées enceintes », certaines après avoir subi « viol et/ou inceste », a souligné le Premier ministre.
« Les enfants nés en dehors du mariage étaient stigmatisés, traités comme des parias », a-t-il dénoncé.

« Nous avons adopté une morale et un contrôle religieux pervers, un jugement et une certitude morale, mais nous avons rejeté nos filles », a-t-il poursuivi. « Nous avons honoré la piété, mais nous ne sommes pas parvenus à faire preuve de la plus élémentaire des gentillesses envers ceux qui en avaient le plus besoin ».
«Il est difficile de concevoir l’ampleur de la tragédie et le chagrin qui se cache derrière ce chiffre de 9.000 enfants et bébés», a déclaré le ministre irlandais de l’enfance, Roderic O’Gorman.

 C’est un chapitre « sombre et honteux de l’histoire récente de l’Irlande » où tout le monde est concerné en premier lieu les familles elles-mêmes qui se débarrassaient ainsi de leur fille enceinte, l’Etat dans ses dimension locale et nationale qui savait ce qui se passait, les familles d’adoption qui récupéraient les enfants encore viables et surtout les religieuses et la hiérarchie.
C’était des époques ou l’Etat se lavait les mains en se débarrassant des problèmes de ces jeunes en déléguant sa mission sociale aux instituts religieux . Peut-être lui-même croyait en la vertu et le sérieux de ces religieuses matonnes.

Perversité religieuse

Mais qu’est ce qui a pu se passer dans la têtes de ces hommes et femmes de Dieu pour en arriver à de telles méthodes et dérives anti-évangéliques ? La vie humaine, la Vie tout court, est passée après la morale, la religion, la bien-pensance, les « valeurs sociales ». Comment peut-on prendre pour une « habitude » et pour une normalité de tels agissements ? Comment le message d’Amour et de pardon du Christ peut-il être si longuement (80 ans !) bafoué ? Comment a-t-on le prendre  pour agir à l’inverse de ce qu’il prône ?

Quel prix a été payé par ces jeunes filles forcées d’abandonner leur enfant ? Quelle culpabilisation ont-elles vécues ? quel consentement libre et éclairé leur était donné ? Quels dégâts psychologiques ont-elles subies, elles ainsi que leur enfants en quête de racines, d’ascendants, de généalogie ? Leur histoire personnelle est passé sous silence et dans le secret. Effarant quand on sait que la grande majorité des enfants survivants nés dans les institutions n’ont aucun souvenir de leur passage dans ces établissements !

Dans tous les cas ce sont des repères spirituels (d’où l’intégrisme de certaines), psychologiques (d’où parfois le sadisme) ou sociaux (d’où l’intolérance et le jugement Ah ! quand on possède la vérité !) qui ont manqués.
Seuls critères : le bonnes mœurs face à des jeunes abusées, violées pour certaines et à punir parce qu’elles seraient coupables.

La bien-pensance , à l’abri de maisons closes


J’ai exercé comme éducateur en prévention milieu ouvert pendant 10 ans dans un bar restaurant (Siloé) à Pigalle au début de ma carrière professionnelle. La prostitution battait son plein et je me souviens de ces femmes qui exerçaient le plus vieux métier du monde… et qui sortaient des institutions du Bon Pasteur d’Angers … celles mêmes dont dépendaient les centres d’accueil (de rééducation ?) en Irlande.
Bien sûr, je ne peux ni stigmatiser ni généraliser car il y avaient des religieuses bonnes et aimantes et des « réussites » dans le parcours de certaines jeunes filles. Mais quand même ! Des milliers de jeunes femmes et hommes traumatisées à vie en Irlande. Des milliers de bébés  assassinés… et au nom de quoi ? !! Ce n’est plus de l’anecdote ça !

Face à ces enfances volées, le mea culpa de l’Eglise et de certaines de ses institutions doit se faire rapidement et financièrement. Ce serait tout à l’honneur (s’il leur en reste encore) de ces « maisons » de faire la vérité partout : en Irlande, mais aussi au Canada, en France…. là où elles ont sévies comme des « maisons closes » tant elles étaient à l’abri des regards derrière leurs hauts murs de pierre ….

Ce qui se passe en Irlande peut être une libération de la parole, celle des victimes encore vivantes, la parole de ceux et celles qui ont dénoncé et dénoncent encore ces méthodes d’un autre âge, celle des Eglises qui s’enferrent dans des silences coupables pour cacher les bagnes religieux au nom d’un moralisme effarant et injustifiable.

C’est pourquoi, à tous ces compagnons et compagnes de souffrance d’une enfance perdue, j’écris et dédis cet article pour dénoncer ces internements abusifs et destructeurs qui ne demandent qu’à renaitre en quelconque partie du monde encore aujourd’hui…
La vigilance s’impose, ne serait-ce que face à tous les cas d’incestes et de viols vécus pendant ces périodes de confinement
J’écris aussi , en tant que chrétien, parce que j’ai honte.

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