Nous fêtons ce 15 août l’Assomption de la Vierge Marie. En 1950, le pape Pie XII en a fait un dogme, c’est-à-dire une vérité à laquelle il faut croire. Et qu’y a-t-il à croire ? Que cette femme, est « montée au ciel corps et âme ». Elle a beau être la mère de Jésus, c’est quand même un peu fort de café de croire des superstitions pareilles ! Marie cumule quand même des approches « tirées par les cheveux ». Que ce soit sa virginité, le fait que, simple femme, elle devienne, en plus de mère de Jésus , « mère de Dieu », qu’elle soit née sans péché, immaculée conception, et ici, qu’elle soit enlevée et couronnée au ciel, toutes ces dogmes peuvent laisser pantois les esprits rationnels.
Disons d’abord que ce qui sous-tend ces croyances est sans doute la perception d’un Dieu tout-puissant, enfermé dans un « ciel » (lequel ? où ? Comment ?) présenté comme objectif à atteindre, au seuil d’une vie de labeur et d’efforts qu’il aura fallu gagner. Marie aurait été préservée, au nom de tous ses titres d’une putréfaction terrestre et Dieu l’aurait « rappelée » à lui pour lui éviter la « souillure » d’un corps qui se décompose en terre.
L’Église catholique, au cours des siècles, a « monté » ces dogmes pour présenter Marie parfaite, pure et sans tâche, n’ayant que des qualités. Au début des premiers siècles, on peut penser qu’il fallait affirmer une religion qui était plus « forte » que celles qui entouraient le christianisme naissant. Elles possédaient, elles aussi, des vierges qui mettaient au monde des héros et des dieux, des mères de qui naîtraient des enfants-dieux sans l’intermédiaire d’un père et ensemencées par un esprit. Il fallait rivaliser avec ces religions « païennes » pour tenter de montrer que la religion chrétienne était la « meilleure » !
Si on se réfère aux évangiles, ceux-ci disent peu de choses sur Marie. Ces écrits ne sont pas une biographie de Jésus et ne rapportent pas des faits réels. Ceux de Luc et de Matthieu rapportent la naissance et l’enfance du Christ comme des constructions symboliques, théologiques, pour aborder le message de Jésus.
A priori, Jésus a eu une mère « normale » né d’un couple humain normal, avec un père et une mère tout à fait banals. Les évangiles disent qu’il a eu des frères et des sœurs, même si l’Église affirme que ce sont des « cousins » pour garder une aura mystérieuse et faire en sorte que Jésus soit fils unique et garder la virginité de Marie définitivement. Inutile de mythologiser la naissance et la vie de Marie. Marie est morte et enterrée comme tout être humain. J’aime l’approche que font les orthodoxes qui parle de « dormition » de Marie qui « attend » son heure pour ressusciter. Peut-être moins spectaculaire et moins merveilleux mais beaucoup plus crédible. Marie n’est pas une nouvelle déesse.
Les protestants rejettent le dogme de l’assomption : Ils la considèrent comme une mariolâtrie, comme une adoration comparable à celle de Dieu. Selon la foi protestante, cela revient à « défigurer » la Vierge Marie et n’atteste pas de son « vrai visage ». C’est pour cette même raison qu’ils ne croient pas à l’Immaculée Conception de Marie, c’est à dire au dogme selon lequel sa naissance aurait été miraculeuse et exempte du pêché originel.
Il faut peut-être réfléchir à mots nouveaux cette définition pour ne pas sombrer dans une croyance magique, sensationnelle …et complètement déconnectée des simples réalités terrestres. Les histoires merveilleuses, à dormir debout, ne sont plus des chemins de foi.
Ce sont des constructions d’une autre époque, souvent mises en lien avec des références avec l’Ancien Testament. Ce qui était compréhensible ou acceptable, à l’époque de l’élaboration de ces écrits que sont les évangiles, a perdu de sa crédibilité au cours des siècles et est devenu aujourd’hui incompréhensible, inaudible et in-croyable.
Pour autant, il est une piété populaire qu’il faut respecter. Héritière des siècles passés et forgée par eux, elle nous invite à entendre ces « pieux mensonges » qui ont permis à tant de pauvres et d’humbles personnes de traverser les aléas et les souffrances de leur vie. Ils les ont aidés à s’inscrire dans l’espérance pour traverser les épreuves, à l’image de Marie au pied de la croix de son fils. Marie modèle, Marie consolation des faibles, Marie qui montre un chemin dans les nuits de désolation et de tristesse. Marie qui aide à ne pas craindre la mort. La terre de France est riche de chapelles, d’églises, d’oratoires, d’appellations de villages à son nom qui constellent son sol et disent bien la ferveur des simples croyants.
Marie fait le lien entre les réalités terrestres et celles qui nous dépassent, nous interpellent ou nous questionnent en nous invitant à prendre soin de cette dimension spirituelle qui nous habite, de cet Hôte intérieur qui demande à grandir en nous. La contemplation de Marie dans son humanité nous permet de la voir « comme nous », dans sa dimension charnelle, corporelle, loin des images pieuses dans lesquelles on l’a enfermée et « spiritualisée ». Si le christianisme est la religion de l’incarnation il n’y a plus à chercher à se retirer de ce que certaines approches ecclésiales considèrent comme impur, sale, source de péché. Tous ces dogmes, érigés par l’Église catholique, ne disent-ils pas en fin de compte une peur de la sexualité et du corps, qui seraient sources de méfiance et de mépris face à la « beauté » de l’esprit ou de l’âme qu’il faudrait sauver ? Peur aussi de la femme que l’Église catholique décrira comme tentatrice, séductrice dont il faut se protéger pour « ne pas entrer en tentation ».
Marie nous invite à entrer dans nos humanités concrètes, réelles. Il est dommage que l’Église ait à ce point idéalisé, extériorisé, dématérialisé, désexualisé Marie alors que la piété populaire la garde concrète et proche de chacun qui voit en elle une vraie femme, une mère bien incarnée, dans la vie et les relations de son temps. Marie nous invite à l’humilité et à la simplicité.
Alors qu’entendre de neuf pour aujourd’hui dans cette célébration de l’Assomption ?
Je voudrais d’abord m’interroger sur la qualité de présence éducative de Marie vis-à-vis de son fils Jésus. Il a de qui tenir semble-t-il ! Quelle éducation lui a-t-elle donné, enfant et adolescent, pour qu’il grandisse en une telle liberté et un tel bonheur de croire et de vivre ? Que lui a-t-elle appris, les pieds dans la glaise, quand elle malaxait l’argile pour faire les briques de sa maison ? Çà, c’était du concret ! et Jésus devait s’en donner à cœur joie pour faire avec elle la patouille ! Comment faisait-elle pour lui montrer un chemin d’intériorité pour qu’il aille jusqu’à chambouler ses origines biologiques ? « Qui sont ma mère et mes frères ? » demandera-t-il à ceux qui lui disaient que ceux-ci le cherchaient. « Ce sont ceux qui écoutent la parole et la mettent en pratique ». Il n’est pas seulement le fils naturel de Marie : il invite à entrer dans une autre filiation toute spirituelle, à naître à une autre manière de vivre que celle de la réussite matérielle, celle des jeux du loto et de la TV.
« L’assomption » de Marie dit une manière de se mettre en tension vers d’autres réalités que celles quotidiennes, ou à travers elles. C’est comme une dynamique vers un plus essentiel à chercher, à habiter. Comme l’ascension du Christ présenté dans un ciel hypothétique et incertain (c’est une métaphore), l’assomption (autre métaphore) ne serait-elle pas aussi une descente dans le ciel du cœur de chaque homme et de chaque femme en quête de sens, de paix, de vérité. Comme avec sa cousine Élisabeth, Marie est une visiteuse porteuse d’allégresse.
En même temps, c’est une manière d’assumer les réalités qui nous environnent et qui nous habitent et d’accepter nos misères et nos limites sans chercher à les transcender, les sublimer ou les déconnecter de nos vies. On ne peut faire fi des lois de la nature. Enseigner le contraire, c’est dénier la réalité de l’incarnation. Celle de Jésus et de Marie qui naissent, mangent, boivent, aiment et meurent alors que certaines Églises passent leurs temps à les désincarner. Cette vie et cette mort, celle de tous, peuvent être transfigurées dans l’ordinaire de la vie de chacun.
En ce jour de la fête de l’assomption, j’irai dans le village de mon enfance en Basse-Bretagne, d’où viennent les vents de la côte, ceux qui décoiffent et invitent tout le temps à s’adapter. Il y aura feu de joie à la fontaine, puis procession en habits bretons d’autrefois où les femmes porteront, avec les bannières, la statue de la vierge « Notre Dame de Grâces ». Manière simple et joyeuse de rejoindre la foi des ancêtres qui savaient faire le tri entre ce qui relevait du merveilleux folklorique que certains cherchent à remettre au goût du jour et une foi réaliste ancrée dans le quotidien.
Une Parole, se murmure dans les cœurs : comment ne pas faire sienne celle de Marie qui exalte sa joie de vivre et qui exulte en son Dieu qui élève les humbles, comble les affamés de tous les pains manquants dans leur vie et renvoie les riches les mains vides. Alors, nos vies sont « assomptées », si je peux me permettre ce mot.
C’est pourquoi j’irai aussi à l’apéritif et au repas qui suivront la cérémonie pour continuer à recevoir la joie de Marie, toute heureuse de « monter » dans les cœurs et les relations de chacun. Dans des retrouvailles pleines de vie et de fraternité, loin de cieux inaccessibles et de dogmes dépassés. J’irai pour faire la fête. Mieux, après le far et le café, je crois que j’oserai demander à Marie : « Voulez-vous m’accorder une gavotte ou un andro ? N’est-ce pas votre fils qui fait le sonneur de biniou avec le talabarder* pour entraîner la danse ? Ce serait un honneur pour moi de vous sortir des dogmes qui vous figent et des statuaires qui vous défigurent… » Et que voulez-vous qu’elle me réponde ? « Venez, cher ami, dansons ! » me dira-t-elle avec un grand sourire de contentement.
* Le talabarder est celui qui joue de la bombarde pour entraîner, avec le sonneur de biniou, les danses traditionnelles bretonnes.
Merci Xavier pour cette approche critique de l’assomption et plus généralement des dogmes.
Il n’est jamais question ni dans les évangiles ni même dans le 2ème testament de l’assomption. Pour moi toutes ces réflexions apocryphes et particulièrement celles qui ont donné lieu aux dogmes mariaux sont à entendre comme des midrashim qui donnent toujours à interpréter et non pas comme des dogmes fixés une fois pour toutes. Il y a toujours à faire dans ces interprétations.
J’aime beaucoup la figure de Marie arche d’alliance qui nous permet de nous voir aussi comme porteurs et même dans notre faiblesse et nos petits moyens, d’accoucheurs de ce Jésus.
Par ailleurs, je pense que la société patriarcale l’a autant divinisée pour mieux réduire cette femme image des femmes réduites par la galanterie et pour mieux la mettre à distance avec certaines théories proches du stoïcisme, culture dans laquelle est né le christianisme avec ce malaise autour de la sexualité impure et encore accentuée par un puritanisme aveuglé.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur Marie médiatrice ou personne de la Trinité.
Merci Xavier pour la reprise de l’activité de ton blog. J’ai lu avec intérêt ton billet d’humeur à propos de l’Assomption. (Fête d’autant plus importante pour moi que c’est le jour de mon anniversaire !). Si je partage beaucoup de point de ton propos avec toi, j’ai néanmoins ressenti une certaine tristesse à ta lecture. Pour des esprits rationnels comme les nôtres, il est regrettable que tu caricatures la spiritualité mariale. Dénoncer toute l’imagerie autour de Marie est indispensable… et tu le fais. Mais en abordant le « dogme » de l’Assomption, j’attendais que tu « recadres les affaires ». Par exemple :
– Un dogme n’est pas quelque chose de figé ; dans le christianisme, il est une expression de la foi proclamée solennellement par le magistère. Leur ensemble est au fondement de la doctrine religieuse de l’Église (ou des Églises). Ils sont basés sur la compréhension et l’interprétation de la Bible et parfois, de la tradition (c’est le cas du dogme de l’Assomption). L’histoire du christianisme montre qu’ils évoluent.
– Concernant l’Assomption, définir l’origine du mot donne son sens. Dans la constitution apostolique « Munificentissimus Deus » du 1er novembre 1950 (47 paragraphes dans le style ampoulé de l’époque), Pie XII écrit au paragraphe 44 la définition du dogme et emploi l’expression
« fuisse…assumptam » (passif féminin de l’indicatif parfait du verbe assūmo). Ce verbe est une évolution phonétique de « adsūmo ». Ses divers sens, en me référent aux auteurs latins cités par le dictionnaire (Gaffiot) : 1-Prendre pour soi, avec soi ; 2-Se réserver, s’approprier ; 3-Prendre en plus, joindre à ce qu’on avait. (Rien à voir avec « assumer »). De ce verbe est dérivé le substantif « adsomptïo (ass) » qui est l’action de prendre, choisir, emprunter et également, de s’approprier (l’origine, le nom…). En vocabulaire ecclésiastique, cela a donné « assomption ». Dans les traduction française, le verbe est souvent traduit par « a été élevé » faute de mieux. Mais c’est en référence à la traduction du grec concernant la fin d’Hénok « puis il disparut car Dieu l’enleva » (Gn 5,24), en grec (je ne lis pas l’hébreu, je n’ai que la septante) meta+tithemi composé de tithemi : se traduit par « mettre, placer » et et le préfixe meta ajoute l’idée de « association, partage, participation ». Autre allusion, celle de la fin d’Elie « … lorsque Yahvé enleva Elie au ciel dans un tourbillon » (2R2,1), le verbe agotana signifie « mener, conduire, amener avec soi ». Suite à Vatican II, Lumen gentium (VIII, 68) faisant allusion à l’Assomption précise « Cependant, tout comme dans le ciel où elle est déjà prise dans la gloire corps et âme… » et utilise le mot assumpta qui est traduit dans cette version française par « est prise ».
– De quel gloire parle-t-on ? « Rien à voir avec la gloire terrestre, factice et artificielle. La gloire humaine est enracinée dans le gonflement d’un ego crispé sur lui-même. La gloire divine est le rayonnement d’un amour total. Ce mot désigne le bonheur d’aimer et d’être aimé, de recevoir et de donner la vie en plénitude. » in : Balade au pays de la foi par les sentiers du Credo (M. Salamolard, Ed. du signe, 2004)
– De quelle virginité parle-t-on ? De quel ciel parle-t-on ? Immaculée conception, de quoi parle-t-on ? (Des approfondissements pour le 8 décembre, cher Xavier ?)
Il est certain que les Evangiles ne sont ni une enquête journalistique, ni un récit historique, ni un traité de sexologie ou de génétique, ni un compendium d’astronomie, ni une revue nécrologique ! Mais comme tu le sais, à la suite de Marie de Hennzel que tu cites, la Bible est la source d’une réponse possible à notre soif de vie spirituelle, le magistère n’étant là que pour nous y aider.
– Pour revenir au mystère de l’Assomption, tu précises que le Nouveau Testament ne fait que peux d’allusions à Marie, mère de Jésus-Christ ; signaler les onze ou douze épisodes rapportés permettrait à tes lecteurs de s’y reporter facilement, de les méditer et, qui sait, réaliser que la fréquentation de Marie ouvre un chemin de connaissance à l’intime et non par la raison. (Lc 1,26-38 ; Lc 1, 39-57 ; Lc 2, 1-20 et Mt 1, 18-23 ; Mt 2, 13-15 ; Lc 2, 39-52 ; Lc 8, 20-21 et Mt 12, 46-49 et Mc 3, 32-35 ; Jn 2, 1-12 ; Jn 19, 25-30 ; Ac 1, 13-14 ; Gal 4, 4-7 ; Ap 12, 1-10). Inviter à découvrir la soif de vie de cette femme et « sentir que l’assomption de Marie c’était une visitation universelle, personnelle, en permanence, au fond du cœur de chacun. » (Notes et entretiens 3¹, Marie, mon secret in : Les cahiers de Florin Callerand, Ed. Roche d’Or, 2001), voilà l’essentiel à mon sens. Beaucoup au cours de l’Histoire ont défiguré le visage de Marie, en ont fait une telle caricature qu’ils l’ont rendue déesse incroyable, irrecevable dans ce qu’elle nous ouvre de la révélation ! A nous croyants, à ton blog toi qui a la plume alerte, d’aider à ouvrir la bonne porte… Accueillir Marie comme son « bien propre » (Jn19, 27), merveilleux cadeau d’anniversaire pour moi et pour faire la fête.
Bonjour Alain
Un peu triste moi aussi que tu sois triste.
Je t’invite à relire mon texte pour que nous essayions de comprendre ce qui peut sous-tendre mon propos. Il dit une certaine forme de proximité entre nous. Je ne crois pas caricaturer la spiritualité mariale et tout un paragraphe dit bien le respect que je porte à une piété populaire (« …Marie modèle, Marie consolation des faibles, Marie qui montre un chemin dans les nuits de désolation et de tristesse. Marie qui aide à ne pas craindre la mort. La terre de France est riche de chapelles,… » . De plus, la finale de mon texte dit comment je suis invité à communier à cette ferveur et à cette tradition.
La reprise de la définition de Florin Callerand qui est « essentielle » pour toi, (l’assomption de Marie c’était une visitation universelle, personnelle, en permanence, au fond du cœur de chacun.) rejoint mon affirmation où j’écris « l’assomption ne serait-elle pas aussi une descente dans le ciel du cœur de chaque homme et de chaque femme en quête de sens, de paix, de vérité ? » Et ailleurs : Comment faisait Marie pour montrer à Jésus « un chemin d’intériorité pour qu’il aille jusqu’à chambouler ses origines biologiques ? « Qui sont ma mère et mes frères ? » demandera-t-il à ceux qui lui disaient que ceux-ci le cherchaient. « Ce sont ceux qui écoutent la parole et la mettent en pratique ». .. Il n’est pas seulement le fils naturel de Marie : il invite à entrer dans une autre filiation toute spirituelle… » et Marie nous montre le chemin.
Mon propos, dans ce texte, se voulait critique de certains dogmes qui ne sont plus recevables et crédibles aujourd’hui pour nos « esprits rationnels ». Mais aussi pour notre vie de foi. N’entretiennent-ils pas un goût du merveilleux, du spectaculaire, du mystère » loin d’un Dieu humble et impuissant, du « Très-bas » comme le dit Christian Bobin ? D’où nous vient ce besoin de signes et de miracles ?
Il se veut aussi interpellation pour dire à mots nouveaux cette réalité de l’assomption. (« Alors qu’entendre de neuf pour aujourd’hui dans cette célébration de l’Assomption ? ») J’ai tenté de répondre (« écouter un chemin d’intériorité…, écouter la parole et la mettre en pratique…, entrer dans une autre filiation toute spirituelle…, naître à une autre manière de vivre que celle de la réussite matérielle…, se mettre en tension vers d’autres réalités que celles quotidiennes, ou à travers elles…, assumer les réalités qui nous environnent …, faire sienne celle de Marie qui exalte sa joie de vivre et qui exulte en son Dieu qui élève les humbles… » ) En fin de compte, c’est, je crois un retour aux Évangiles, à la vie et à la Parole du Christ, qui portent toutes ces réflexions. C’est aussi un moyen pour donner réalité, rendre concret, « touchable » l’assomption aujourd’hui. Sinon effectivement ça reste un dogme intangible qu’il ne faut pas toucher, qu’on ne comprend pas, mais qu’il faut croire quand même et sans lien aucun avec nos vies quotidienne.
Je ne sais si j’ai « ouvert la bonne porte » (Qui la connaît ? C’est quoi la bonne porte ?), mais c’est ce qui m’habite en « fréquentant Marie » tout autant par une connaissance à l’intime que par la raison. Je ne peux laisser cette dernière sur le bord de la route et avaler toutes crues les décisions magistérielles sans m’interroger et qui entretiennent une certaine forme qui « défigure Marie » à leur manière en la désincarnant complètement.
Ces réponses ne sont en rien des justifications. Prends-les comme des questionnements pour nous aider à sortir (ou pas) des vérités toutes faites qui peuvent annihiler nos manières de vivre notre foi en la laissant tomber dans des croyances ou une religiosité si respectables soient-elles, … et que le Christ a contestées et invitées à dépasser.
Merci de ton mot qui « recadre » pour toi, ce qu’est l’assomption. Il n’enlève rien à ce que j’ai écrit. Je ne peux « recadrer » pour ma part, ce à quoi je n’adhère pas. Mais dans le partage réciproque, accueillons, au-delà de nos déceptions, le chemin de liberté joyeuse et de foi raboteuse sur lequel chacun est en marche.