Lula

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Je ne sais si vous avez assisté à la prise de la présidence de la République du Brésil par Lula ce 1er Janvier. La présence chez moi, pour les fêtes, de mon fils, de sa femme et de sa belle-mère brésiliennes qui vivent à Sao Paulo a été l’occasion de participer, via Youtube, à cette cérémonie. On sait que l’ex-président Bolsonaro a très mal digéré sa défaite et préféré rejoindre Trump dans sa résidence de Mar el Largo aux USA. Donc pas de passation directe entre les deux hommes comme le veut la tradition. Ce dernier, dans un profond déni de démocratie, a préféré fuir ses responsabilités. Honte à lui !

Pour « contourner » cette absence, Lula a reçu son écharpe d’un groupe de personnes qui se la sont transmis les uns aux autres avant que l’un d’eux la lui passe au cou. J’ai été très ému de cette séquence  : il y avait les principaux exclus de la société brésilienne : l’indien Raoni, défenseur de la forêt et pourchassé de son lieu de vie, handicapé méprisé, enfant noir de 10 ans, femme bafouée dans une société machiste, membre LGBT, éboueur et quelques autres … chacun représentant avec fierté sa communauté méprisée, violentée, combattue. Bel exemple de valoriser ainsi tous les rejetés du pays dans la nouvelle marche qui s’ouvre et de les inclure dans son projet. Ici point d’officiels ni de généraux mais des gens simples et heureux.

Séquence émotion encore lorsque Lula dans son discours a eu les larmes aux yeux et des trémolos dans la voix. Je ne comprenais pas le pourquoi, mais je sais son souci de la solidarité, de la justice sociale et son profond désir d’apporter une loi pour résilier celle qui autorise les armes à feu. La violence gangrène le pays.
Je sais aussi son profond désir de préserver pendant qu’il est encore temps la forêt amazonienne livrée à tous les pillages des grands propriétaires terriens. Il rejoint enfin tous les appels du monde pour tenter de la sauver et d’éviter le clash environnemental annoncé. Mais n’est-il pas trop tard ?

La joie de ses partisans en liesse était indescriptible. Car l’attente est grande, les défis nombreux, les haines féroces face au retour de cet homme de gauche qui s’est engagé à lutter contre la faim, « le plus grave des crimes » et à « combattre toutes les formes d’inégalités ». « Plus personne ne sera un citoyen de seconde classe », a-t-il promis. C’est alors qu’il a éclaté en sanglots. Aura-t-il les coudées assez franches pour réussir son pari d’apporter la paix au sein de son peuple fracturé et améliorer la vie des plus fragiles ?   

Lula avait accusé Jair Bolsonaro, son prédécesseur d’extrême droite, qui a snobé les cérémonies, d’avoir épuisé les ressources de la santé, démantelé l’éducation, la culture, la science et la technologie et détruit la protection de l’environnement.

Refrain connu de tous les tenants du capitalisme pour se faire de l’argent sur le dos des plus pauvres et mettre à sac toutes les richesses publiques. Comment ne pas penser à la marche forcée que tiennent certains présidents européens dans leur désir de tout privatiser à coup d’amendements et de dénis démocratiques ?

Comment ne pas penser aussi à Pepe Mujica, ancien président d’Uruguay ? Son mandat à la tête de l’Uruguay, de 2010 à 2015, a été marqué par sa lutte contre le secret bancaire et l’évasion fiscale, la réduction de la pauvreté et l’autorisation de se marier pour les personnes de même sexe. Il s’est surtout distingué par son mode de vie, très éloigné du faste habituel de la fonction présidentielle. Soucieux de progrès et de justice pour tous, il savait vivre au milieu de son peuple dans sa petite maison de banlieue. C’était « le plus pauvre des présidents de l’Uruguay ». L’exemple viendrait-il des pays du Sud ? Loin des fastes complaisantes, des superbes méprisantes, des dénis démocratiques de plus en plus grands, dans notre Europe en mal de sens ?

Lula n’est pas La réponse aux défis brésiliens. Y a-t-il d’ailleurs quelqu’un qui sache répondre à tous les attentes ? Mais je crois que son altruisme, son souci des défavorisés, son sens de la justice aideront à franchir quelques étapes où l’homme et sa dignité seront premiers. Bonne chance à lui !

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