Moria

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Parmi les sujets cruciaux qui sont passés sous silence dans le tohu-bohu médiatico-politique que je dénonçais dans le post précédent (les mougeons), il en est un dont je n’ai pas su l’existence et qu’un drame vient de mettre sous les feux de la rampe des « actualités ».
Je vous partage ce que j’ai trouvé sur le site « A l’encontre » qui résume bien la situation du « camp de concentration » de Moria … en Europe :

« Le mercredi 9 septembre au petit matin, le plus grand camp de réfugié·e·s de Grèce, Moria, sur l’île de Lesbos, a été ravagé par un incendie. Ce n’était pas le premier incendie qui s’est déclenché dans ce camp surpeuplé. Deux incendies avaient déjà eu lieu depuis le début de l’année 2020 et aussi bien le délabrement d’un système électrique minimaliste que les conditions de survie en étaient la cause. Le gouvernement grec s’est aventuré à affirmer que l’incendie avait été provoqué par une rébellion de réfugiés qui voulaient échapper à un vaste contrôle sanitaire lié à l’expansion récente de la pandémie du Covid-19.
L’hypocrisie de ce discours voisine l’extrême car depuis des années les conditions sanitaires horrifiantes et les maladies diverses ravagent ce camp dans lequel des réfugiés, en grande partie syriens et afghans, avec leurs familles, sont enfermés. En effet, les procédures de reconnaissance du droit d’asile n’aboutissent quasiment jamais. La destruction d’une grande partie des dossiers lors de l’incendie risque d’accentuer encore plus l’arbitraire et le désespoir de milliers de réfugiés qui sont dispersés sur les routes de Lesbos, sans aucune ressource.

Avec la même duplicité, des pays de l’Union européenne se sont mis d’accord pour « accueillir » 400 mineurs non accompagnés: 100 à 150 pour la France et pour l’Allemagne. Et l’Helvétie s’est réveillée et a assuré l’envoi d’une aide humanitaire, au moment où les ONG présentes à Lesbos font face à la plus grande difficulté d’apporter leur aide concrète, suite aux barrages de la police et aux réactions locales de l’extrême droite, dans un contexte marqué par l’exacerbation d’une population qui est à sa façon délaissée depuis des années.

Cet incendie impose encore une fois l’urgence d’un large débat public sur une des dimensions de la crise civilisationnelle qui tend à être refoulée, parfois par dépit. Or, cette dimension est étroitement intriquée à la permanence de guerres, aux diverses facettes de la crise climatique et à la fonction d’une armée de réserve mondialisée de travailleurs et travailleuses. »

Comment se regarder en face après ces forfaitures qui durent depuis plusieurs années ?
-Suis-je encore européen si je ne bouge pas quand l’Europe laisse pourrir ces situations et manifeste une inaction complète en matière d’asile et d’immigration ? La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est quand même déclarée  “profondément attristée par les événements de la nuit dernière”. …sans plus !
-Suis-je encore français si je ne fais rien quand le pays accueille « généreusement » 150 mineurs sur les 15 000 personnes enfermées dans ce camp et, avec la même hypocrisie, prend la décision d’interdire la distribution de repas aux migrants dans la région de Calais et mets des bâtons dans les roues des associations humanitaires et caritatives en laissant des milliers de migrants enfants dans ce cloaque ?
– Suis-je encore chrétien quand, avec d’autres confessions, le Vatican exige la « fermeture de ce camp de concentration » à ciel ouvert et ne trouve aucun écho ou si peu en moi et dans la majorité des « fidèles » ?
« Je pense que ce qui y brûle ou y a été brûlé, ce n’est pas seulement le camp de réfugiés de Moria. L’espoir du peuple a brûlé. L’humanité de l’Europe, la tradition de l’humanisme, du christianisme, n’existe plus non plus »… affirme Jean Claude Hollerich , président de la Commission des Conférences épiscopales de la Communauté européenne…
-Suis-je encore un homme quand je reste indifférent aux milliers de migrants qui vivent en France et en Europe dans des conditions inhumaines ?
– Suis-je encore un « civilisé » quand les droits de l’homme sont bafoués, face à ces hommes, femmes et enfants dont le seul crime est de demander la protection internationale, alors qu’ils sont livrés à une politique ultra-sécuritaire extrêmement dangereuse pour leur sécurité, voire leur vie ?

« Il y va de la dignité et de la vie de dizaines de milliers de personnes, mais aussi de notre dignité à nous, toutes et tous », disait une tribune dans Libération.

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