Chacun prendra ce « sacré » comme il l’entend ! dans sa dimension familière ou religieuse ! … ou les deux ?
Je prends conscience qu’il y a quelque chose d’une toute puissance inconsciente ou subtile qui me mène lorsque j’utilise Facebook. Celle de croire pouvoir influencer mes amis, celle de me croire possesseur d’ une vérité et de tenter de l’imposer, celle de participer avec d’autres à un changement dans un des « lieux » qui me sont chers; par exemple l’écologie, la religion ou la politique, de me faire le héraut fier et incontournable de convictions ou de valeurs … qui, somme toute, ne semble intéresser personne …!
Je pressentais sans la nommer cette « manipulation ». Les réseaux sociaux, comme la plupart des médias, conduisent la danse d’une information aussi folle que mortelle…. et j’en suis le premier participant et la première victime.
Que veut dire ma participation à cette épuisante information reçue et donnée par ce biais de FB, qui devient caduque à peine publiée ? Que veulent dire mes « likes » ?
Qu’est ce qui se cache derrière cette propension à se donner de l’importance et se gratifier d’un « réseau d’amis » le plus large possible ? Besoin de reconnaissance ? D’admiration ? De se sentir indispensable ? De se positionner comme « sauveur » d’une cause ? De meubler une solitude trop grande (même en communauté ou en couple !) ? De communier avec d’autres à un projet ? Un peu de tout ça sans doute…
Insidieusement s’est imposée en moi une dépendance peu glorieuse !
Il doit y avoir de ma part une mauvaise utilisation de l’outil. Ce que je sais aujourd’hui, c’est cette invitation à prendre du recul et ne plus « intervenir » en fonction des autres ou de mes besoins.
Les « amis »
Qui sont-ils ces « amis » qui me gratifier de leur amitié ? Des personnes qui ont le même profil que moi et qui me brossent le dos dans le sens du poil, avec qui je me sens bien et qui rarement me contrediront.
…Ceux qui entament un débat contradictoire le feront pour développer leurs propres arguments, tout aussi personnels que les miens. Quand ils ne sont pas dans l’outrance, le mépris, la moquerie, la véhémence ou la superficialité…!
Ces amis n’ont souvent pas de visage. Je ne les vois pas, pas plus qu’ils ne me voient. L’imagination alors devient fertile vis-à-vis de ces amis inconnus. Nous sommes dans un anonymat relationnel qui tue les relations proches et immédiates.
Leurs centres d’intérêt rejoignent les miens et chacun prêche un convaincu …
Comme moi, ils prennent une info qui les intéresse, sert leur « cause » et partagent. Mais nous partageons quoi en fin de compte ? Rien ou si peu de nos personnes. Ce sont des éléments extérieurs à nous-mêmes qui brillent par leur insignifiance ou leur vacuité.
Je ne veux pas généraliser. Certains amis parlent et écrivent avec leurs tripes. Je les reconnais. Ils habitent les mêmes contrées intérieures que moi. Ils se sont posés, bien assis devant la page blanche, avant de poster quelque chose d’eux-mêmes qui leur est cher. Ils ne disent pas n’importe quoi et partagent l’essentiel de leur cœur sans violence, avec pudeur, sans faire monter la mayonnaise et jeter de l’huile sur les feux de la déliquescence sociale et spirituelle actuelle.
Ils se dévoilent comme pour inviter chacun à se dévoiler lui-même, en vérité et en justesse, à entrer en communion singulière avec des frères qui, dans une connivence des profondeurs invitent à voir autrement ou de plus haut, par dessus le brouhaha du monde et de la société.
Pas une position de survol de supériorité ou d’observateurs blasés mais dans une attitude de guetteurs, attentifs à à l’Esprit créateur.
Pour quels enjeux en fin de compte ?
J’ai souvent l’impression que l’abondance des posts ou des partages devient un critère d’authenticité pour soi et que faillir à cette habitude de « partage »un ou quelques jours devient insupportable.
La confusion s’installe entre fidélité à soi-même et fidélité à FB, à ses contraintes, à ses sournoises exigences….
Où va ma loyauté ? Mes engagements virtuels comme Facebook, ne risquent-ils pas de me désengager des responsabilités plus essentielles et prioritaires vis à vis de moi-même, de mes proches, de ceux avec qui je partage justement ces enjeux vitaux, tant biologiques que spirituels .
Les « likes » sont trompeurs en ce sens car ils me déresponsabilisent tranquillement, bien calé au fond de mon fauteuil. Ils donnent à voir que je suis là sans être vraiment présent à moi-même et aux autres. La superficialité et la banalité alliées a une immédiateté délirante risquent de s’imposer dans ma vie.
De plus en plus, la lucidité sur ma vie, dans mes agirs comme mes pensées et écrits, doivent devenir le critère de ce que je dépose à la face de mes petits mondes.
Comme le disait une amie : « le monde a plus besoin de ma santé (sous entendu psychologique et spirituelle) que de mes services »... Aussi nobles et altruistes soient-ils .
Ne plus me laisser happer par des besoins inajustés, une immédiateté épuisante, et une course à l’audience ou à l’occupationnel.
Facebook = en bon français = « le livre des visages ».
Parce que je veux prendre le temps de me mémoriser le vôtre, même le virtuel que je me suis forgé dans un un regard de bienveillance et souvent de non-jugement (que c’est dur !), je vais estomper mes interventions sur mon mur et habiter votre mystère pendant quelques temps …
Il sera toujours possible de se rejoindre sur mon blog « Appelés à la liberté »… (abonnement gratuit sur le site pour un courriel bi-mensuel)
J’aime !
Rappel salutaire ! Merci Xavier !