L’Ascension du Christ, sa « montée au ciel », n’est rien d’autre que sa descente dans le cœur de l’homme.
Il n’a pas (et il n’y a pas) d’autre ciel où faire sa demeure que dans l’intimité de ce dernier.
C’est un des scandales du christianisme : Dieu s’incarne pour faire de l’homme sa demeure : Inconcevable en soi de dire « L’homme est le Temple de Dieu ». C’est pourtant la « folie » de Dieu.
C’est dans le concret des existences (y compris donc celle de notre vie intérieure) et nulle part ailleurs, que Dieu se rencontre. Il n’est pas dans les nuages, extérieur à nous, comme si nous avions à décoller du réel, à quitter le concret de notre existence…
Épuisement, découragement et névrose à la clé !
L’homme s’épuise à chercher Dieu ailleurs alors qu’Il est en lui pour peu qu’il se mette à son écoute : Dieu ne s’impose pas chez/en l’homme.
A qui sait et apprend à demeurer dans ce face à face intérieur avec l’hôte qui l’habite, son humanité grandit, s’épanouit et, je crois, tout compte fait, que Dieu préfère cette demeure où tout possible est ouvert. Car comme le disait avec humour Stephen Hawking : « Cela serait ennuyeux d’être Dieu et de n’avoir rien à découvrir »… En se mettant ainsi à la portée des hommes, au cœur de la mêlée, c’est sûr il ne va pas s’ennuyer !
Cette grandeur de l’homme nous « oblige » : prendre soin de Lui en nous et donc de nous, et nous embellir de toutes les manières et en tous lieux de notre existence : notre corps « tabernacle » de la Présence, notre parole expression du divin, nos relations où se tissent un Corps de vivant …
Autre « obligation » : scruter cette vie divine en nous et y demeurer pour sortir des schémas religieux qui nous infantilisent et nous culpabilisent, sortir des enfermements dogmatiques d’un autre âge liés à une lecture figée et fondamentaliste des Écrits. C’est actualiser la Parole pour aujourd’hui et découvrir comment elle nous parle à neuf pour notre vie et la vie du monde. Avec quels mots pourrions-nous aujourd’hui écrire notre propre évangile, cette expérience personnelle de libération ?
Cette présence divine en nous, pour peu que nous l’accueillons, nous invite aussi à entrer dans un chemin de confiance pour devenir des hommes debout, responsables. Une fois fait son « passage » sur terre, Dieu n’est pas retourné pas se reposer dans une béate et tranquille opulence céleste, loin de l’humanité laissée à ses vieux démons.
Au contraire, avec Lui nous sommes co-créateurs d’un monde neuf. Il ne fera pas sans nous. Mais pas à notre place. Il n’est pas le Tout-puissant où certaines religions veulent enfermer l’homme dans la soumission et la dépendance. Dieu a besoin des hommes pour qu’advienne une humanité de justice et de paix.
« Dieu s’est fait homme pour que l’homme deviennent Dieu ». Non pas devenir Dieu par nos propres et illusoires moyens de toute puissance, mais le devenir à l’invitation toujours discrète de Dieu lui-même, en nous laissant diviniser par Lui.
Belle manière alors de nous élever nous aussi et de faire, avec lui, chaque jour, notre propre Ascension …