La Cène ou le festin des dieux aux JO ?

A propos de la controversée cène lors de la cérémonie de l’ouverture des Jeux Olympiques à Paris, les réactions continuent de-ci, de-là, comme si certains ne voulaient pas lâcher leur os à ronger. Certains chrétiens, en lien avec l’extrême-droite, ont orchestré une polémique avec beaucoup de violence (harcèlements, injures, invectives, menaces de mort,…) sur une fausse ou incomplète analyse de ce qui s’est vraiment passé pendant quelques minutes de retransmission TV pour critiquer ce passage ou l’ensemble de la cérémonie.

Croyant y voir une parodie d’un texte sacré, ils sonnent l’hallali et participent à la curée, n’entendent pas l’objet originel de la représentation qu’est le tableau du festin de Zeus et veulent à tout prix que ce soit une reproduction de la Cène de Léonard de Vinci alors qu’on se demande ce que viendrait faire Dionysos peint en bleu dans cette séquence….

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Le culte marial catholique

Michel Leconte, sur le site Protestants dans la ville de Gilles Castelnau nous livre une réflexion sur l’assomption de Marie et « l’histoire de ce dogme » définie comme « vérité à laquelle il faut croire »

A l’automne 1946, le père Congar rédige un document interne à la faculté de théologie des dominicains du Saulchoir où il est professeur pour protester sur une possible dogmatisation de l’assomption de Marie. Ce dogme sera néanmoins défini comme dogme (c’est-à-dire « vérité de foi ») par la constitution apostolique « Munificentissimus Deus » [1] par Pie XII en 1950 utilisant pour cela son infaillibilité pontificale telle que définie au concile Vatican I.

Yves Congar estime que rien ne l’impose, que cette dogmatisation sera un obstacle à la réunion des chrétiens, que cela va « accentuer encore l’emprise mécanique du système juridique de ce grand corps amorphe sous les outrages d’une hiérarchie centralisée » ; « après l’assomption, ce sera la médiation, puis la corédemption, puis encore autre chose » ; ce dogme n’a pas d’encrage dans les sources, c’est « une déduction de déductions, confortée par un sentiment de piété ». Les plus jeunes parmi ses collègues dominicains lui donnent leur accord (Henri Féret, le bibliste André-Marie Dubarle, l’historien André Duval, le dogmaticien Pierre-André Liégé et le patrologue Thomas Camelot), mais cinq professeurs expriment une franche hostilité dont le régent Thomas Philippe (!).

La conviction du père Congar est que la mariologie constitue la pierre de touche entre deux types de théologie, celle qui est la sienne et celle à laquelle il s’oppose. Il écrit : « Au moment de l’affaire Chenu et depuis, j’ai pensé que la question de la mariologie faisait le clivage entre deux types d’hommes. En fait, les mariolâtres d’un côté, et les chrétiens de l’autre. ». On ne saurait être plus clair !

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Savez-vous qu’il y a des aubes ?

Je viens de terminer un nouveau libre pendant tout le temps où j’ai été absent de ce blog pour causes de santé (cancer pour Yvonne mon épouse, et vertiges et chutes pour moi). Long temps de doutes et d’appréhensions, sur les quels je reviendrai sans doute. Je m’excuse auprès de mes lecteurs de ce long silence.
Si vous désirez acquérir ce livre (325 pages, agrémenté de photos), merci de me le faire savoir en message privé (xavier.puren@gmail.com) avec votre adresse postale . Il coûtera environ 18 ou 19 euro. J’attends de connaître le nombre d’exemplaires à commander avant l’impression pour ne pas faire de surnombre. Votre réponse sans tarder favorisera une édition.
Tous les bénéfices seront reversés à une association d’aide humanitaire auprès des migrants. Les prochains posts sur ce blogs seront des extraits de ce livre. Voyons ensemble rapidement son contenu :

J’ai la joie de vous faire connaître la parution de mon livre « Savez-vous qu’il y a des aubes ? ». Tout à la fois livre de spiritualité et de sagesse, cet ouvrage invite à se laisser bouger et interpeller dans toutes les dimensions de beauté et de vérité qu’offre la région des Alpes de Haute-Provence pour qui veut bien les recevoir. Mais, n’est-ce pas l’invitation de toutes les régions de France et de la Planète pour leurs admirateurs qui se laissent toucher au cœur ? Voici un écrit sur la marche. Marche physique bien sûr, dans les lieux plus ou moins emblématiques ou secrets ; là où mes déplacements multiples m’ont inspiré des réflexions et des commentaires personnels sur mes « découvertes ». Ces dernières peuvent se résumer simplement : Il s’agit d’une affaire de pleine et profonde humanité.

Une description de randonnées n’aurait aucun intérêt si les marches physiques ne s’accompagnaient d’une marche intérieure : « Comment faire autrement : les émotions sensibles et esthétiques d’une marche dans les sublimes paysages de la Haute-Provence se conjuguent avec celles, « spirituelles » qui, tout d’un coup, se découvrent proches des petits bonheurs et des fragilités humaines, dans le réel de nos vies » ….

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Qu’est-ce qui nous reste quand il ne reste rien ?

dessin de Deligne dans La Montagne

Ce qui suit sont des extraits d’un article de Benoit de Ginisty publiés il y a un an sur son site Garrigues et sentiers concernant l’irruption de la vieillesse dans la vie.
En seconde partie, un extrait du livre « Incipit ou le commencement » de Maurice Bellet. De quoi méditer pour les anciens face aux injonctions sociétales qui nous conduisent à la schizophrénie ou à l’épuisement pour ne pas paraître son âge !
« …Mourir ce n’est rien, mourir la belle affaire, mais vieillir, oh vieillir … » chantait Jacques Brel.

La vieillesse, ouverture aux paroles primordiales

Dans un ouvrage assez poignant où il s’interrogeait sur son propre vieillissement, le psychiatre Claude Olivenstein, spécialisé dans les traitements des toxicomanies écrivait ceci : « Il y a deux âges privilégiés pour se préoccuper du sens de la vie : l’adolescence où tout est éveil et puis le moment de la reconnaissance, par l’intime conviction de la naissance de la vieillesse, de son parcours inéluctable » (1). Dans une société qui privilégie les « belles images » des « gagnants », la vieillesse risque d’être vécue comme une succession de pertes. Cela peut entraîner deux types d’écueils : la crispation d’une gérontocratie où l’affirmation du pouvoir devient de plus en plus ubuesque pour compenser les atteintes l’âge, ou bien un abandon progressif des échanges sociaux.

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Les trois nuits

Nous voici dans ce que l’Église appelle le « triduum pascal ». Les trois derniers jours de la vie de Jésus. Temps forts pour les chrétiens pour méditer la passion et la mort de Jésus, sa sortie du tombeau, vainqueur de la mort. Je vous partage ma propre méditation ci-après. Bonne fête pascales à tous ! Christ est vraiment ressuscité !

Jeudi soir, nuit où surgit en pleine lumière la véritable tendresse

En méditant le dernier repas de Jésus, nous pouvons imaginer toute l’intensité de l’événement sur le plan émotionnel. Jésus ne se situe plus comme un maître, un rabbi face à des disciples, mais transforme le lien qui les unit : « Dorénavant, je vous appelle mes amis ». Et il en dit le pourquoi : « parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père »[1].

La nuit vient de tomber et les agacements et les exaspérations s’apaisent. Ceux de Jésus vis-à-vis de la clique des grands prêtres aux grands principes qui tiennent boutique et commercent dans le Temple. Ceux de ces derniers qui le cherchent pour le faire mourir car il remet en cause leurs fonctionnements hypocrites.

Temps des hostilités suspendu pour vivre la Pâque, sommet de l’année liturgique des croyants juifs. Avec attention et délicatesse, Jésus a organisé cette rencontre. Il a prévu la salle pour les festivités  et invité ses disciples à préparer le repas. Chez les chrétiens, on retrouve ce souci du beau et de la fraternité au moment de dresser la table pour fêter ce mémorial : napperons blancs, bouquets de fleurs, fond musical, vaisselle des grands jours.
L’heure est solennelle. Un entre-soi croyant exceptionnel pour tous.
L’heure est grave. Non de la gravité pesante d’une situation, mais celle qui dévoile l’essentiel d’une existence.
L’heure est unique. Exceptionnelle, parce qu’elle fait connaître TOUT ce que Jésus a appris de son Père. Ce tout tient en un seul mot : Aimer.

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Hannah Arendt et le rêve d’une fédération post-nationale et post-coloniale

Voici un article de Philosophie magazine que je ne peux que conseiller de lire pour entrer un peu plus dans l’intelligence de ce qui se joue en Palestine à la lumière de son histoire récente, depuis l’installation du sionisme dans les années 1940.

« S’il est une philosophe qui a entretenu un rapport complexe avec l’État d’Israël et la question palestinienne, c’est assurément Hannah Arendt. Juive critique des organisations juives qu’elles accusera en particulier de complicité avec l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, Arendt appréhende Israël avec un mélange de solidarité foncière et d’inquiétude marquée. Elle s’enthousiasme, sans doute, de l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine – et, à Paris, elle s’occupera dans les années 1930 du transfert d’enfants juifs vers la « Terre promise », ce qui sera l’occasion pour elle de s’y rendre une première fois en 1935. Mais elle regarde avec méfiance la transformation de ce foyer d’innovation sociale et politique en un État-nation lancé dans une guerre sans fin avec les voisins arabes.

En 1961, elle est de retour en Palestine israélienne pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann : si elle approuve l’enlèvement du dignitaire nazi, elle conteste assez ouvertement la manière dont le procès est instrumentalisé, dans un moment où le jeune État hébreu cherche à asseoir sa position, comme un outil pour forger une cohésion nationale. « Le procès est celui de ses actes [ceux d’Eichmann], et non des souffrances des Juifs, il n’est pas celui du peuple allemand ou de l’humanité, pas même celui de l’antisémitisme et du racisme. » Mais, le conflit avec le monde arabe s’exacerbant, la philosophe elle-même se laissera parfois gagner par une forme de patriotisme inquiet. Retour sur un parcours intellectuel et existentiel tout en nuances…. »

Lire l’article en son entier sur Philosophie Magazine. (23 mn de lecture)

Massacre des innocents

« …Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. » Luc 14-33

Cette phrase attribuée à Jésus ne serait-elle pas une invitation à ouvrir les yeux et être lucide sur ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine, entre le Hamas et Israël, au Soudan et dans tant d’autres guerres fratricides ? Parce que les bombardements et massacres des Ukrainiens et des Palestiniens ne mèneront à rien, surtout pas à la paix. A vouloir tuer un moucheron (gros ; il est vrai !) avec des obus et des tanks qui terrorisent, affament et massacrent des populations civiles indistinctement, on ne favorise pas la Paix, c’est le moins qu’on puisse dire !

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Qui est mon frère ?

Tobie rend la vue son père – toile de Claude-Guy Hallé

La liturgie du jeudi 8 juin nous présentait un texte de l’Ancien testament, tiré du livre de Tobie (dans la liturgie catholique, car les Protestants n’ont pas retenu ce livre dans leur bible). L’extrait m’a interpellé. Voila une belle histoire d’amour. Elle se décline entre amis, entre promis et promise, entre mari et femme, entre parents et enfants. Ce ne sont que des extraits, et l’intérêt serait grand de prendre le temps de lire ce court texte en entier. Voici ce qui est monté en moi.

Une lecture superficielle pourrait y voir une belle histoire qui finit bien. A lire de plus près ce texte, des bizarreries surviennent. Je n’en retiendrais qu’une : celle de la fraternité (et de la sororité). Nous retrouvons 5 fois le mot « frère », 3 fois le mot « sœur », 6 fois le mot « fille ». Cette bizarrerie est d’autant plus accentuée que ces mots sont adressés aux uns et aux autres sans tenir compte de la signification réelle du mot. Par exemple, frère pour l’ami ou l’oncle, fille pour l’épouse, sœur pour la fiancée… Toute la structure traditionnelle de la famille ou des relations, avec les rôles spécifiques de chacun, se trouve complètement bousculée.

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J’ai été intoxiqué au chlore

Je suis pour trois semaines en cure thermale à Digne les bains. Un accident s’est déclaré avec une double fuite de chlore et d’acide. (voir article de presse ici) Je relate ici mes impressions lors de ce vécu particulier :

Ce samedi 10 juin, je faisais partie des personnes victimes d’inhalation de chlore et d’acide aux thermes de Digne les Bains. J’ai vécu une expérience de l’intérieur que je vous partage :

Le « Plan Blanc » a été déclenché avec célérité et je voudrais ici saluer les professionnels qui se sont mobilisés.

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Péché originel : j’en veux à Augustin…

Mon expérience de vie, mes formations professionnelles, mes recherches sur le plan humain et spirituel m’ont amené à des convictions qui me font dire que le fond de l’homme est essentiellement positif. En affirmant cela, je me rends compte que je me mets en porte-à-faux avec la tradition religieuse chrétienne qui, depuis St Augustin au IVème siècle, a posé le fondement de la vie chrétienne disant que l’homme naît pécheur.

C’est à partir de ses frasques d’adolescence et de jeunesse (vol de poires en bande, par esprit de transgression et par « simple plaisir de faire ce qui était défendu », passions amoureuses et sexuelles effrénées (« Ce qui surtout me tenait prisonnier et me tourmentait violemment, c’était l’habitude d’assouvir une insatiable concupiscence ») qu’il élaborera, après sa conversion, la doctrine du péché originel. On lui attribuera la détestation du corps, le rejet de la sexualité et du plaisir. Il avait une énergie débordante et un « détail » de sa vie (qu’il rapportera) sera pour lui révélateur : en pleine adolescence, Augustin se faire surprendre par une érection aux Thermes de sa ville de Thagaste . Et l’embarras fut grand quand son père Patricius, « ravi de vanter la vigueur toute romaine de son fils, s’empressa de raconter l’épisode à sa femme Monique, chrétienne fervente, qui, elle, se montra horrifiée.  » Ce fut pour Augustin une expérience importante que cette prise de conscience adolescente des caprices du corps et de la découverte du désir et de la honte.

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