Péché originel : j’en veux à Augustin…

Mon expérience de vie, mes formations professionnelles, mes recherches sur le plan humain et spirituel m’ont amené à des convictions qui me font dire que le fond de l’homme est essentiellement positif. En affirmant cela, je me rends compte que je me mets en porte-à-faux avec la tradition religieuse chrétienne qui, depuis St Augustin au IVème siècle, a posé le fondement de la vie chrétienne disant que l’homme naît pécheur.

C’est à partir de ses frasques d’adolescence et de jeunesse (vol de poires en bande, par esprit de transgression et par « simple plaisir de faire ce qui était défendu », passions amoureuses et sexuelles effrénées (« Ce qui surtout me tenait prisonnier et me tourmentait violemment, c’était l’habitude d’assouvir une insatiable concupiscence ») qu’il élaborera, après sa conversion, la doctrine du péché originel. On lui attribuera la détestation du corps, le rejet de la sexualité et du plaisir. Il avait une énergie débordante et un « détail » de sa vie (qu’il rapportera) sera pour lui révélateur : en pleine adolescence, Augustin se faire surprendre par une érection aux Thermes de sa ville de Thagaste . Et l’embarras fut grand quand son père Patricius, « ravi de vanter la vigueur toute romaine de son fils, s’empressa de raconter l’épisode à sa femme Monique, chrétienne fervente, qui, elle, se montra horrifiée.  » Ce fut pour Augustin une expérience importante que cette prise de conscience adolescente des caprices du corps et de la découverte du désir et de la honte.

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René Pinsard

Avec René Pinsard. Je devais avoir 23 ans

Une belle figure vient de s’éteindre  ce jour, à l’âge de 95 ans. Belle figure d’une personne qui savait, comme beaucoup, il y a des décennies, suivre les intuitions qui montaient dans leur cœur. Quitte à susciter des incompréhensions et des rejets. Ils allaient leur chemin, le créaient parfois, au pas à pas de ce qu’ils recevaient à l’intime.

Pendant 10 ans j’ai côtoyé René Pinsard au cœur de Pigalle. 

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Plaidoyer pour la paix

Je constate, dans mon petit quartier, que l’attention que je porte à mes voisins et voisines, (pour démêler des affaires administratives, résoudre des problèmes informatiques, vraiment accueillir un témoin de Jéhovah malgré mes réticences, se soucier des enfants…) favorise un climat de confiance relationnelle, de présence mutuelle heureuse. La Paix dans le Monde débute sans doute par celle de notre cœur et celle dans nos voisinages. La solidarité avec les tout proches n’est-elle pas le chemin de la paix dans le Monde ?
Je viens de travailler avec Adhémar, mon voisin lycéen de 17 ans. Passionné par la vie politique, l’histoire grecque, élu délégué de classe et du conseil d’administration du lycée Pierre Gilles de Gênes.

Il s’était inscrit à un concours organisé par le Ministère des Armées « Les jeunes pour la paix ». Ceux-ci sont invités à « acquérir des connaissances historiques sur la Grande Guerre dans leur région, et à approfondir les notions de guerre et paix en les reliant au monde d’aujourd’hui ».

Adhémar a choisi de faire un plaidoyer pendant que d’autres écrivaient un poème ou s’investissaient dans le dessin ou la peinture. Il est passé me demander conseil après son travail écrit. Nous avons travaillé ensemble, mis en forme son texte et poser les conditions d’une bonne élocution pendant quelques heures. Avec son autorisation, voici le contenu de son travail qu’il a lu devant un aréopage composé de collègues de classe et de représentants de la ville (maire) et du département (conseillers départementaux) et de la nation (préfets et sénateurs), de l’armée, dans une épreuve éliminatoire. Il a obtenu un diplôme dont il est fier aujourd’hui et n’a fait que renforcer son aspiration à une vie politique qui soit de service.

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l’Avenir est ouvert

moi enfant

Sur sa page Facebook, mon ami Jean Lavoué invite à participer à un projet initié par  Yin Xiaoyuan sur le thème  « une photo de soi enfant, un poème » ! Il a lui-même répondu à l’invitation et écrit son poème.
Bien que je ne sache pas comment y participer, voici ce qui m’est venu. Car je n’ai pu résister à cette proposition !

Je suis là, assis sur le seuil,
ni dedans, ni dehors,
Et pourtant ouvert sur le monde,
tournant le dos au nid sécure.

Je suis là, confiant, en la magie de cet œil
qui imprime son image dans la pellicule
et, derrière l’appareil, regard de mon père ? De ma mère ?
Aujourd’hui, je me reçois d’eux.

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Jacques Gaillot, « L’évêque des autres »

Beaucoup de tristesse à l’annonce du décès de Jacques Gaillot. Certains l’appelaient « l’évêque des autres », d’autres « l’évêque des pauvres ». Sur les réseaux sociaux le mot « contestataire » revient régulièrement. Il a eu droit à des éloges appuyés de la part de ceux qui ont pris le parti des pauvres, des migrants, des méprisés, des exclus (voir les journaux Libération, l’Humanité…). Par contre, La Conférence des évêques de France (CEF) s’est fendu d’un bref communiqué de 5 lignes disant que ses membres « au delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries. » Langue de buis dans toute sa splendeur !

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Oh qu’il est mal heureux…

En réaction à un article de Pierre Castaner intitulé « Béatitudes d’un bon catho qui ne veut rien changer » sur le site « Garrigues et sentiers » (dossier « rester dans l’Église catholique »), je me permets la poursuite du dialogue en réfléchissant sur la nécessité d’un regard de compassion le plus ouvert possible sur la vie du Monde et des Églises, celle catholique en particulier :

Nous pourrions aussi exprimer le texte de Pierre Castaner autrement. Il dirait alors toute la compassion pour celui ou celle qui se sent à l’étroit dans l’institution et pour cette institution elle-même qui a tant besoin de miséricorde pour pouvoir remplir sa mission… Ainsi :

« Oh ! qu’il est malheureux d’être dans une Église faite que d’hommes où la femme est exclue des décisions.
Oh ! qu’il est malheureux d’être dans une Église totalitaire avec un pape monarque absolu, des évêques grands Seigneurs et des curés patrons qui décident de tout. », etc.

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Le motif de la résistance, c’est l’indignation

Ma parole n’a guère de portée, ou si peu, pour proposer une réflexion sensée dans le chaos d’aujourd’hui. C’est pourquoi, dans les billets précédents j’ai fait appel à Helder Camara et à l’abbé Pierre. Aujourd’hui je vous partage quelques extraits du petit livre de Stéphane Hessel. Il est un de ceux qui ont mis en place la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en 1948. En 2010, il avait publié un essai devenu célèbre, « Indignez-vous », où il dénonçait l’écart croissant entre riches et pauvres, la course à la croissance irraisonnée, la dictature des marchés financiers, la protection sociale qui se délite. « C’est tout le socle des conquêtes de la Résistance qui est aujourd’hui bradé ».

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Aux riches, je dis : « les provocateurs c’est vous ! »

Quand le président de la République pressurise les travailleurs et les humbles sans toucher à ses amis les plus riches (dont on peut penser qu’il est leur valet, pour sauvegarder leurs intérêts) provoquant leur grande colère, fut un temps où l’abbé Pierre, la voix des sans voix, fondateur de la Communauté Emmaüs, prononçait lui aussi un violent discours contre des milliardaires qui s’accaparent toutes les richesses tandis que des populations entières crèvent de faim.
Son discours n’a pas pris une ride des décennies plus tard :

« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure “Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !”, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous !

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Connaissez-vous la CCBF ?

La Conférence catholique des baptisé-e-s francophones (CCBF) est un mouvement né en 2008 qui entend promouvoir un « catholicisme ouvert et fraternel ». Deux mots d’ordre définissent son attitude : « Ni partir, ni se taire » et « Nous ne demandons rien mais nous espérons tout ». Ce mouvement est aussi connu pour ses positions hétérodoxes, qui peuvent être contraires à l’enseignement habituel de l’Église catholique.

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Aïe, mes aïeux !

Est-ce que le fait de faire partie d’une généalogie suffit pour entrer en humanité ?
Je suis né naturellement d’un père et d’une mère ou par fécondation ou autres méthodes mais cela suffit-il pour faire de moi un homme ?
J’ai pensé, sans en avoir le temps, faire la généalogie de ma famille pour que mes enfants transmettent à leur tour leur origine la plus lointaine possible à leurs propres enfants : Rien de glorieux dans ma lignée bretonne faites de paysans, de charbonniers ou de bedeau. Mais la fonction dit-elle l’essentiel des hommes ? Non et heureusement ! Ceux qui, là haut dans les stratosphères du pouvoir, y croient encore nous donnent un triste et pitoyable exemple.
Alors Gloire à mes ancêtres ! D’une manière générale on aime bien savoir d’où on vient, de qui nous sommes les héritiers. Nous entrons ainsi dans une histoire, une tradition familiale, un terroir, un récit fondateur avec ses gloires et ses misères. Normal dans un premier temps.

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