« La stratégie du choc »

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« C’est le titre d’un livre de Naomi Klein qui explique comment et pourquoi, depuis le début des années soixante-dix, les classes dirigeantes mondiales mènent une véritable guerre – il n’y a pas d’autre mot – contre les (leurs) peuples en utilisant une stratégie du désastre.
Elles tirent profit des catastrophes naturelles (vagues géantes, tremblements de terre, ouragans) ou provoquent des catastrophes humaines (conflits militaires, exploitation artificielle du  « terrorisme » , désastres écologiques ) pour renforcer leur pouvoir aux dépens du domaine public et de la société civile, et imposer, par la violence et la sidération, le modèle d’une société capitaliste toujours plus réactionnaire… »

Je l’expliquais ici sur le site du CCFD Plouay (lorsqu’il était encore en activité). Sa lecture mérite le détour.
Mais plus qu’une lecture sur les décennies passées, le livre paru en 2007 est extraordinairement prophétique.

La crise de trop

Voilà, je crois que nous y sommes avec la pandémie du Coronavirus. Le choc que nous vivons est si fort au niveau mondial que tout semble s’écrouler comme un château de sable quand la marée remonte. Cette secousse géopolitique met à mal la mondialisation néolibérale et financière.
C’est là que j’ai peur.
Car les puissants et les tenants de ce libéralisme risquent de « profiter » de cet état de sidération et de confinement dans lequel nous sommes enfermés pour faire passer des mesures « légales » autoritaires sous couvert de crise sanitaire.

L’économie ou la santé ?

On devine la bagarre qui se joue déjà entre l’économique et la santé.
La solidarité qui se met en place ne doit pas être un remplacement d’un état libéral, négligeant,  défaillant, imprévoyant, qui a « oublié » de prendre des mesures adéquates en temps voulu et qui veut aujourd’hui créée de nouveaux modes de fonctionnements économiques au nom de « l’état d’urgence sanitaire ».
Le bénévolat, le volontariat, la solidarité pour faire face à la crise ne doivent pas être l’occasion d’un nouveau paradigme économique qui « bouffe » le citoyen, met à mal les solidarités et des acquis sociaux qui sont le bien de tous.
Avez-vous remarqué que pendant que le peuple se soude, trime, meure, les Bourses continuent à fonctionner (on ne les ferme pas !) et on injecte des centaines de milliards (tiens, il y a de l’argent quand on veut) pour les maintenir à flot et engraisser les déjà nantis ? Les efforts de solidarité ne seraient que pour les actionnaires ? En avez-vous un, un seul de ces riches à milliards, proposer une « aumône » aux hôpitaux ?
De même, je suis étonné du profond et discret silence des Assurances…
Pourquoi le gouvernement ne taxe pas provisoirement les riches par l’ISF et préfère imposer des congés payés aux salariés ?
Non. Les riches restent à l’abri : tous s’enferment dans leur tour d’ivoire javellisée, désinfectée, masqués pendant que les « guerriers » qui sont « au front » s’épuisent, sans masque, à soigner, guérir, accompagner…

Paroles mensongères et trompeuses

Déjà ils nous crient aux oreilles « on va sortir de la crise ». Ne vous y fiez pas ! Ce refrain nous est seriné depuis des décennies. Nous n’avons pas encore compris que la crise est LE mode de fonctionnement du système libéral ? Qu’il s’auto-entretient dans une illusion et une fuite en avant ?  et nous y entretient avec lui  ?

Ils nous disent aussi « C’est la guerre ! «  comme pour créer une sursaut national qui ferait taire toute réflexion, toute contestation …
Paroles mensongères et trompeuses.
Ils appellent maintenant à « l’union nationale » alors qu’ils savaient depuis des semaines le danger qui rodait. Mais par calcul manipulateur de leur ambition bassement politicienne ils ont risqué la vie de milliers de personnes.
Je ne veux pas de cette « union » qui n’est en rien unité soucieuse des autres et qui privilégie la finance à la santé.  
Ne soyons pas dupes ! Malheur à tous ceux-là par qui le scandale arrive ! Ils jouent avec notre vie pendant qu’ils jouent au Monopoly en gérant les finances et les enjeux économiques du monde !
La colère gronde et n’attend que la fin de la crise (et je crois, même sans cette fin) pour demander des comptes.

Un autre monde doit surgir

On ne peut plus continuer de la sorte : sans un bouleversement total, mondial, (ou à tout le moins, pour commencer, français et européen), des organisations et des modes économiques ultralibéraux nous allons détruire les hommes et la planète.

Dès maintenant, prenons-en conscience et préparons-nous. Un autre monde est possible. Il se dessine déjà dans tous nos actes de beauté, de bonté, de solidarité. Ne le laissons pas s’échapper et participons à sa construction.
Une autre stratégie du choc est encore possible : celle de l’alternative à la mondialisation des contrôles, des pouvoirs, des inégalités : la fraternité et la solidarité.
Nous nous en sortirons tous ensemble ou nous nous en sortirons pas du tout. Simple !
« Tous ensemble » c’est sans oublier les laissés pour compte : les anciens, les prisonniers, les SDF, les humbles, les personnes handicapées …

Entrons dès maintenant dans l’espérance d’un réel changement. N’attendons rien des « élites ». C’est de la base, des associations, de la vie locale et solidaire, que nous éviterons le désastre en ne les laissant pas faire.

Soyons attentifs, lucides et critiques aux réponses que donneront les décideurs au moment voulu.

Et gardons la foi en la Vie : « Ne soyons pas abattus comme ceux qui n’ont pas d’espérance… »
« L’avenir est ouvert et il sera ce que nous ferons ».

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