Oumar

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Je suis sensible à la situation des migrants. Sans doute des « restes » de mon implication au CCFD Terre solidaire et à la situation de deux de mes enfants au loin : l’une, avec sa petite famille, retourne à la Réunion où elle a déjà vécu plus de 10 ans : il faut le dire : la tentative de se réinsérer en métropole pendant un an a buté sur l’indifférence et l’individualisme des autochtones. Un autre de mes fils habite au Brésil depuis 18 ans. Il y est resté sans papier pendant près de 10 ans.

L’actualité récente met les migrants et les réfugiés en avant :

– 79 morts et des centaines de disparus la semaine passée sur un bateau surchargé qui a coulé au large de la Grèce. Beaucoup de questions sont posées sur la passivité de Frontex présent sur les lieux. Peu de commentaire sur les médias.

 – C’est vrai qu’à trier de manière sélective leurs informations, l’affaire d’Annecy était plus porteuse d’émotion et de rancœur vis-à-vis de ces étrangers qui nous « envahissent ». Un chrétien de Syrie, père de famille, malade psychique, attaque et poignarde des petits enfants dont le plus jeune a 22 mois. A juste titre, ce fut l’horreur et l’incompréhension dans tout le pays.
« Poignarder l’innocence, c’est poignarder l’avenir» affirmait Patrick Le Hyaric dans son dernier édito. Il y affirmait : « Comme après chaque drame désormais, jusqu’à l’abjection, une cohorte de responsables politiques, de la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale en passant par le sinistre Ciotti, voyagent dans le même wagon-lit poisseux de l’extrême droite avec Le Pen et Zemmour. Comme des rapaces, les uns et les autres se sont jeté sur les torrents de larmes causées par la lâcheté d’un homme, pour déverser leur haine et remettre en cause le droit international, le droit d’asile, l’immigration. Ce fut pour eux, une aubaine pour tenter de faire oublier la loi des 64 ans et les méthodes antidémocratiques déployées pour l’imposer.
« Chaos migratoire » crie le sinistre Ciotti.  « Rétrécir le droit d’asile » s’enflamme Le Pen.
« Il y a plus important que les conventions internationales, il y a la survie du peuple français »
éructe Zemmour tandis que ses amis de Génération identitaire appellent à « une reprise en main virile de notre civilisation ».  Ils ont été déçus que ce criminel ne soit pas musulman. Il se revendique chrétien. Oui, mais alors !… « Un mauvais chrétien » s’est-on exclamé sur Cnews. »

Et il y a une montée en puissance de la fachosphère (et souvent cathosphère) menaçant et attaquant les associations de solidarité et certains maires, brûlant leur maison, les forçant à démissionner car ils avaient accepté l’établissement d’un centre d’accueil dans leur ville. Les larmes de crocodile tardives du gouvernement ne leur apportaient aucun soutien.

Manouchian et ses amis juste avant d’être fusillés

– Autres exemples « positif » de l’actualité récente, la décision de panthéoniser Missiak Manouchian et son épouse Mélinée. Voila un homme rescapé du génocide arménien. Adolescent, il avait traversé la Méditerranée en clandestin, pour débarquer à Marseille sans papiers, sans asile et sans ressource. « Il s’était épris de cette terre d’accueil, au point de mourir pour elle, pour ses principes de liberté, d’égalité et de fraternité, dont il entretint la flamme dans la nuit de l’occupation nazie, avec des milliers d’autres résistants communistes étrangers » (journal l ’Humanité).  
Apatride, épris de Baudelaire et de Victor Hugo il avait fait par deux fois sa demande de naturalisation française. Elles furent refusées. Il était pourtant profondément attaché à la France de la Révolution et des droits de l’homme. Il ​​​​​est le symbole de cette foule d’étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d’Europe centrale, engagés dans la lutte contre l’Allemagne nazie. Comme beaucoup d’autres, il a donné sa vie pour la France. « iIs symbolisent une certaine idée de la France : une nation politique, composée de citoyens de toutes origines, réunis par des valeurs universelles ».

– Et il y a, pour moi, Oumar. Qui est-il ? Je l’avais croisé il y a quelques temps. Hier nous avons pu deviser ensemble plus longuement à l’occasion d’un mariage ce week-end. Oumar est guinéen, de Conakry. Il a laissé sa famille dans son pays d’origine, aux mains d’un pouvoir miliaire, en remontant vers le Maroc, traversant la Méditerranée sur un Zodiac pour atterrir à Marseille via l’Espagne.
Depuis deux ans, il est à Digne-les-bains. Hier, j’ai discuté encore avec ce Guinéen embauché par mon voisin, dans le cadre d’une formation en alternance. Ce migrant vient de loin. Le sourire de son visage disait son bonheur d’une première paie, énorme pour lui ; d’une régularisation administrative ; de pouvoir subvenir enfin à son bien-être et celui des siens restés au pays. D’avoir pu financer la location de son propre logement. J’ai vu aussi la fierté du « patron » de participer à l’accueil de cet « étranger » dont il a pris soin.

Les étrangers n’ont pas la cote en ce moment en France. Nous avons du mal à nous remettre en cause et à voir objectivement la réalité. Non, nous ne sommes pas submergés par les migrants. Toutes les observations et études disent le contraire.

La Cimade (je vous conseil de découvrir régulièrement les « vérités vraies » déclinées sur son site . Elle explique que « l’écrasante majorité des personnes qui migrent le font à l’intérieur de leur propre pays. Le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) estime qu’il y aurait 740 millions de migrants internes dans le monde. Les migrants internationaux représentent eux 200 millions de personnes, soit 3% de la population mondiale.

Parmi les migrants internationaux, seul un tiers s’est déplacé d’un pays en développement vers un pays développé. En réalité, seules 37 % des migrations dans le monde ont lieu d’un pays en développement vers un pays développé. 60% des migrants se déplacent entre pays développés ou entre pays en développement.

Par ailleurs, 7% des migrants dans le monde (soit 15 millions de personnes) sont des réfugiés, la plupart vivant à proximité du pays qu’ils ont fui. Les principales régions d’origine des réfugiés ont aussi été les régions d’accueil de 75 à 93 % des réfugiés. En outre, on estime que 50 millions de personnes étaient des réfugiés environnementaux en 2010 et que 200 millions le seront d’ici 2050…. »

En France, selon le journal La Croix, de source Insee, sur les 67,6 millions de résidents en France, 5,2 millions sont étrangers, soit 7,7 %. Parmi eux, 800 000 sont nés en France. La population d’étrangers nés à l’étranger est donc de 4,5 millions, soit 6,6 % du total. La population immigrée représente 7,7 millions de personnes. Elle se répartit entre, d’une part, les étrangers immigrés (5,2 millions, soit 7,7 % de la population française) et, d’autre part, les immigrés naturalisés français (2,5 millions, soit 3,7 %). Un sur trois a connu l’enseignement supérieur.

Le taux d’immigration en France s’établit à 0,4 %. Proportionnellement à sa population, la France accueille ainsi deux fois moins d’immigrés que l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, et trois fois moins que la Suède ou l’Autriche. Elle se trouve donc au bas du classement des pays d’Europe occidentale.

Les valeurs humanitaires sont simples : celles des gens de la mer (secourir des bateaux en péril et leur occupants en détresse) comme celle de la République (liberté, égalité, fraternité), comme celle des croyants chrétiens (amour et justice vis-à-vis d’un étranger) et celles, fondamentales, de tout Humanité qui nous dit par delà les siècles et les mers que nous avons le même sang qui coulent dans nos veines.

Combien ainsi font le travail que les Français ne veulent plus faire ? Dans le bâtiment, dans les hôpitaux, dans les services publics, dans les métiers peu reluisants comme pour les éboueurs, les égoutiers. Que serait notre pays sans ces travailleurs de l’ombre dont beaucoup sont exploités, manipulés ?
Qui s’interroge sur les responsabilités des pays occidentaux qui mettent à sac les richesses des pays d’Afrique ? Politiques, administrations, économies sont sans humanité. Aucun problèmes pour aller voler et piller chez eux leurs richesses, mais beaucoup d’animosité et de haine quand quelques uns viennent « chez nous » pour survivre…
Et que dire des fakes news sur les étrangers accueillis : « Les migrants toucheraient plus que les travailleurs pauvres », « les migrants sont mieux traités que les SDF français ». Deux formules qui reviennent inlassablement depuis maintenant plusieurs mois sur les réseaux sociaux. Sauf qu’elles se basent sont des chiffres complétement faux. (voir ici).

Apprenons à vivre ensemble. Nous avons besoin les uns des autres. Et, comme l’écrivait St Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »

En savoir plus, par exemple sur  
https://www.histoire-immigration.fr/comprendre-les-migrations
https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/les-migrations-dans-le-monde
La Cimade

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