Nous voici dans ce que l’Église appelle le « triduum pascal ». Les trois derniers jours de la vie de Jésus. Temps forts pour les chrétiens pour méditer la passion et la mort de Jésus, sa sortie du tombeau, vainqueur de la mort. Je vous partage ma propre méditation ci-après. Bonne fête pascales à tous ! Christ est vraiment ressuscité !
Jeudi soir, nuit où surgit en pleine lumière la véritable tendresse
En méditant le dernier repas de Jésus, nous pouvons imaginer toute l’intensité de l’événement sur le plan émotionnel. Jésus ne se situe plus comme un maître, un rabbi face à des disciples, mais transforme le lien qui les unit : « Dorénavant, je vous appelle mes amis ». Et il en dit le pourquoi : « parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père »[1].
La nuit vient de tomber et les agacements et les exaspérations s’apaisent. Ceux de Jésus vis-à-vis de la clique des grands prêtres aux grands principes qui tiennent boutique et commercent dans le Temple. Ceux de ces derniers qui le cherchent pour le faire mourir car il remet en cause leurs fonctionnements hypocrites.
Temps des hostilités suspendu pour vivre la Pâque, sommet de l’année liturgique des croyants juifs. Avec attention et délicatesse, Jésus a organisé cette rencontre. Il a prévu la salle pour les festivités et invité ses disciples à préparer le repas. Chez les chrétiens, on retrouve ce souci du beau et de la fraternité au moment de dresser la table pour fêter ce mémorial : napperons blancs, bouquets de fleurs, fond musical, vaisselle des grands jours. L’heure est solennelle. Un entre-soi croyant exceptionnel pour tous. L’heure est grave. Non de la gravité pesante d’une situation, mais celle qui dévoile l’essentiel d’une existence. L’heure est unique. Exceptionnelle, parce qu’elle fait connaître TOUT ce que Jésus a appris de son Père. Ce tout tient en un seul mot : Aimer.
Je suis sensible à la situation des migrants. Sans doute des « restes » de mon implication au CCFD Terre solidaire et à la situation de deux de mes enfants au loin : l’une, avec sa petite famille, retourne à la Réunion où elle a déjà vécu plus de 10 ans : il faut le dire : la tentative de se réinsérer en métropole pendant un an a buté sur l’indifférence et l’individualisme des autochtones. Un autre de mes fils habite au Brésil depuis 18 ans. Il y est resté sans papier pendant près de 10 ans.
L’actualité récente met les migrants et les réfugiés en avant :
– 79 morts et des centaines de disparus la semaine passée sur un bateau surchargé qui a coulé au large de la Grèce. Beaucoup de questions sont posées sur la passivité de Frontex présent sur les lieux. Peu de commentaire sur les médias.
– C’est vrai qu’à trier de manière sélective leurs informations, l’affaire d’Annecy était plus porteuse d’émotion et de rancœur vis-à-vis de ces étrangers qui nous « envahissent ». Un chrétien de Syrie, père de famille, malade psychique, attaque et poignarde des petits enfants dont le plus jeune a 22 mois. A juste titre, ce fut l’horreur et l’incompréhension dans tout le pays. « Poignarder l’innocence, c’est poignarder l’avenir» affirmait Patrick Le Hyaric dans son dernier édito. Il y affirmait : « Comme après chaque drame désormais, jusqu’à l’abjection, une cohorte de responsables politiques, de la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale en passant par le sinistre Ciotti, voyagent dans le même wagon-lit poisseux de l’extrême droite avec Le Pen et Zemmour. Comme des rapaces, les uns et les autres se sont jeté sur les torrents de larmes causées par la lâcheté d’un homme, pour déverser leur haine et remettre en cause le droit international, le droit d’asile, l’immigration.Ce fut pour eux, une aubaine pour tenter de faire oublier la loi des 64 ans et les méthodes antidémocratiques déployées pour l’imposer. « Chaos migratoire » crie le sinistre Ciotti. « Rétrécir le droit d’asile » s’enflamme Le Pen. « Il y a plus important que les conventions internationales, il y a la survie du peuple français » éructe Zemmour tandis que ses amis de Génération identitaire appellent à « une reprise en main virile de notre civilisation ». Ils ont été déçus que ce criminel ne soit pas musulman. Il se revendique chrétien. Oui, mais alors !… « Un mauvais chrétien » s’est-on exclamé sur Cnews. »
Et il y a une montée en puissance de la fachosphère (et souvent cathosphère) menaçant et attaquant les associations de solidarité et certains maires, brûlant leur maison, les forçant à démissionner car ils avaient accepté l’établissement d’un centre d’accueil dans leur ville. Les larmes de crocodile tardives du gouvernement ne leur apportaient aucun soutien.
– Autres exemples « positif » de l’actualité récente, la décision de panthéoniser Missiak Manouchian et son épouse Mélinée. Voila un homme rescapé du génocide arménien. Adolescent, il avait traversé la Méditerranée en clandestin, pour débarquer à Marseille sans papiers, sans asile et sans ressource. « Il s’était épris de cette terre d’accueil, au point de mourir pour elle, pour ses principes de liberté, d’égalité et de fraternité, dont il entretint la flamme dans la nuit de l’occupation nazie, avec des milliers d’autres résistants communistes étrangers » (journal l ’Humanité). Apatride, épris de Baudelaire et de Victor Hugo il avait fait par deux fois sa demande de naturalisation française. Elles furent refusées. Il était pourtant profondément attaché à la France de la Révolution et des droits de l’homme. Il est le symbole de cette foule d’étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d’Europe centrale, engagés dans la lutte contre l’Allemagne nazie. Comme beaucoup d’autres, il a donné sa vie pour la France. « iIs symbolisent une certaine idée de la France : une nation politique, composée de citoyens de toutes origines, réunis par des valeurs universelles ».
– Et il y a, pour moi, Oumar. Qui est-il ? Je l’avais croisé il y a quelques temps. Hier nous avons pu deviser ensemble plus longuement à l’occasion d’un mariage ce week-end. Oumar est guinéen, de Conakry. Il a laissé sa famille dans son pays d’origine, aux mains d’un pouvoir miliaire, en remontant vers le Maroc, traversant la Méditerranée sur un Zodiac pour atterrir à Marseille via l’Espagne. Depuis deux ans, il est à Digne-les-bains. Hier, j’ai discuté encore avec ce Guinéen embauché par mon voisin, dans le cadre d’une formation en alternance. Ce migrant vient de loin. Le sourire de son visage disait son bonheur d’une première paie, énorme pour lui ; d’une régularisation administrative ; de pouvoir subvenir enfin à son bien-être et celui des siens restés au pays. D’avoir pu financer la location de son propre logement. J’ai vu aussi la fierté du « patron » de participer à l’accueil de cet « étranger » dont il a pris soin.
Les étrangers n’ont pas la cote en ce moment en France. Nous avons du mal à nous remettre en cause et à voir objectivement la réalité. Non, nous ne sommes pas submergés par les migrants. Toutes les observations et études disent le contraire.
La Cimade (je vous conseil de découvrir régulièrement les « vérités vraies » déclinées sur son site . Elle explique que « l’écrasante majorité des personnes qui migrent le font à l’intérieur de leur propre pays. Le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) estime qu’il y aurait 740 millions de migrants internes dans le monde. Les migrants internationaux représentent eux 200 millions de personnes, soit 3% de la population mondiale.
Parmi les migrants internationaux, seul un tiers s’est déplacé d’un pays en développement vers un pays développé. … En réalité, seules 37 % des migrations dans le monde ont lieu d’un pays en développement vers un pays développé. 60% des migrants se déplacent entre pays développés ou entre pays en développement.
Par ailleurs, 7% des migrants dans le monde (soit 15 millions de personnes) sont des réfugiés, la plupart vivant à proximité du pays qu’ils ont fui. Les principales régions d’origine des réfugiés ont aussi été les régions d’accueil de 75 à 93 % des réfugiés. En outre, on estime que 50 millions de personnes étaient des réfugiés environnementaux en 2010 et que 200 millions le seront d’ici 2050…. »
En France, selon le journal La Croix, de source Insee, sur les 67,6 millions de résidents en France, 5,2 millions sont étrangers, soit 7,7 %. Parmi eux, 800 000 sont nés en France. La population d’étrangers nés à l’étranger est donc de 4,5 millions, soit 6,6 % du total. La population immigrée représente 7,7 millions de personnes. Elle se répartit entre, d’une part, les étrangers immigrés (5,2 millions, soit 7,7 % de la population française) et, d’autre part, les immigrés naturalisés français (2,5 millions, soit 3,7 %). Un sur trois a connu l’enseignement supérieur.
Le taux d’immigration en France s’établit à 0,4 %. Proportionnellement à sa population, la France accueille ainsi deux fois moins d’immigrés que l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, et trois fois moins que la Suède ou l’Autriche. Elle se trouve donc au bas du classement des pays d’Europe occidentale.
Les valeurs humanitaires sont simples : celles des gens de la mer (secourir des bateaux en péril et leur occupants en détresse) comme celle de la République (liberté, égalité, fraternité), comme celle des croyants chrétiens (amour et justice vis-à-vis d’un étranger) et celles, fondamentales, de tout Humanité qui nous dit par delà les siècles et les mers que nous avons le même sang qui coulent dans nos veines.
Combien ainsi font le travail que les Français ne veulent plus faire ? Dans le bâtiment, dans les hôpitaux, dans les services publics, dans les métiers peu reluisants comme pour les éboueurs, les égoutiers. Que serait notre pays sans ces travailleurs de l’ombre dont beaucoup sont exploités, manipulés ? Qui s’interroge sur les responsabilités des pays occidentaux qui mettent à sac les richesses des pays d’Afrique ? Politiques, administrations, économies sont sans humanité. Aucun problèmes pour aller voler et piller chez eux leurs richesses, mais beaucoup d’animosité et de haine quand quelques uns viennent « chez nous » pour survivre… Et que dire des fakes news sur les étrangers accueillis : « Les migrants toucheraient plus que les travailleurs pauvres », « les migrants sont mieux traités que les SDF français ». Deux formules qui reviennent inlassablement depuis maintenant plusieurs mois sur les réseaux sociaux. Sauf qu’elles se basent sont des chiffres complétement faux. (voir ici).
Apprenons à vivre ensemble. Nous avons besoin les uns des autres. Et, comme l’écrivait St Exupéry : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »
Mon expérience de vie, mes formations professionnelles, mes recherches sur le plan humain et spirituel m’ont amené à des convictions qui me font dire que le fond de l’homme est essentiellement positif. En affirmant cela, je me rends compte que je me mets en porte-à-faux avec la tradition religieuse chrétienne qui, depuis St Augustin au IVème siècle, a posé le fondement de la vie chrétienne disant que l’homme naît pécheur.
C’est à partir de ses frasques d’adolescence et de jeunesse (vol de poires en bande, par esprit de transgression et par « simple plaisir de faire ce qui était défendu », passions amoureuses et sexuelles effrénées (« Ce qui surtout me tenait prisonnier et me tourmentait violemment, c’était l’habitude d’assouvir une insatiable concupiscence ») qu’il élaborera, après sa conversion, la doctrine du péché originel. On lui attribuera la détestation du corps, le rejet de la sexualité et du plaisir. Il avait une énergie débordante et un « détail » de sa vie (qu’il rapportera) sera pour lui révélateur : en pleine adolescence, Augustin se faire surprendre par une érection aux Thermes de sa ville de Thagaste . Et l’embarras fut grand quand son père Patricius, « ravi de vanter la vigueur toute romaine de son fils, s’empressa de raconter l’épisode à sa femme Monique, chrétienne fervente, qui, elle, se montra horrifiée. » Ce fut pour Augustin une expérience importante que cette prise de conscience adolescente des caprices du corps et de la découverte du désir et de la honte.
En réaction à un article de Pierre Castaner intitulé « Béatitudes d’un bon catho qui ne veut rien changer » sur le site « Garrigues et sentiers » (dossier « rester dans l’Église catholique »), je me permets la poursuite du dialogue en réfléchissant sur la nécessité d’un regard de compassion le plus ouvert possible sur la vie du Monde et des Églises, celle catholique en particulier :
Nous pourrions aussi exprimer le texte de Pierre Castaner autrement. Il dirait alors toute la compassion pour celui ou celle qui se sent à l’étroit dans l’institution et pour cette institution elle-même qui a tant besoin de miséricorde pour pouvoir remplir sa mission… Ainsi :
« Oh ! qu’il est malheureux d’être dans une Église faite que d’hommes où la femme est exclue des décisions. Oh ! qu’il est malheureux d’être dans une Église totalitaire avec un pape monarque absolu, des évêques grands Seigneurs et des curés patrons qui décident de tout. », etc.
La Conférence catholique des baptisé-e-s francophones (CCBF) est un mouvement né en 2008 qui entend promouvoir un « catholicisme ouvert et fraternel ». Deux mots d’ordre définissent son attitude : « Ni partir, ni se taire » et « Nous ne demandons rien mais nous espérons tout ». Ce mouvement est aussi connu pour ses positions hétérodoxes, qui peuvent être contraires à l’enseignement habituel de l’Église catholique.
Est-ce que le fait de faire partie d’une généalogie suffit pour entrer en humanité ? Je suis né naturellement d’un père et d’une mère ou par fécondation ou autres méthodes mais cela suffit-il pour faire de moi un homme ? J’ai pensé, sans en avoir le temps, faire la généalogie de ma famille pour que mes enfants transmettent à leur tour leur origine la plus lointaine possible à leurs propres enfants : Rien de glorieux dans ma lignée bretonne faites de paysans, de charbonniers ou de bedeau. Mais la fonction dit-elle l’essentiel des hommes ? Non et heureusement ! Ceux qui, là haut dans les stratosphères du pouvoir, y croient encore nous donnent un triste et pitoyable exemple. Alors Gloire à mes ancêtres ! D’une manière générale on aime bien savoir d’où on vient, de qui nous sommes les héritiers. Nous entrons ainsi dans une histoire, une tradition familiale, un terroir, un récit fondateur avec ses gloires et ses misères. Normal dans un premier temps.
Le site Garrigues et sentiers publie un article de Michel Bouvard intitulé « le cléricalisme sera-t-il le fossoyeurs du catholicisme ? » Il invite ses lecteurs à réagir à cette interpellation. Voici ma réflexion élaborée à partir d’un extrait de mon livre « Jours sombres en Église ».
Nous voici en entrée de carême et ce temps me met mal à l’aise. Non pour ce qu‘il préconise : c’est toujours une bénédiction de suivre les propositions du Christ de prière, d’abstinence et d’aumône qui me permettent d’avancer dans ma vie d’homme et de croyant. Ce qui me dérange, c’est l’occasion qui est donnée à certains prêtres et prélats d’utiliser de manière pernicieuse, ce moment de retour sur soi, vers Dieu et vers les autres, pour surfer sur une morale inconvenante et puérile, sur des images d’un dieu insupportable, sur une infantilisation des croyants, sur des menaces à peine voilées de l’enfer, de la culpabilité et j’en passe. Ce n’est pas le cas de tous heureusement, Mais force est de constater que beaucoup « joue au prêtre » nimbé d’un pouvoir sacré qui les autorise à préconiser une religion de peur plus qu’une attitude d’amour et de confiance. Voilà donc un « lieu » où certains s’en donnent à cœur joie : quel moment de choix pour avoir pouvoir sur un peuple de croyants dociles, se satisfaisant de l’autorité d’une parole extérieure dite sacrée ! Encore, si ce n’était que dans le cadre de l’institution, mais Ils envoient leurs ouailles dans des processions traditionnelles, voire folkloriques, dans les rues de certaines villes pour « montrer qu’on existe », que « la chrétienté n’est pas morte » …persuadés qu’ils sont d’être envoyés « comme des brebis au milieu des loups ». A l’heure d’abus multiples, la discrétion et le profil bas seraient plus de mise !
Le site « Dieu maintenant », ayant pris connaissance de l’existence de mon livre (1) en a fait une recension un peu particulière en commentant des lignes de la partie centrale de l’ouvrage. « L’auteur raconte ce qui l’a poussé à vivre sa foi à l’écart de toute structure institutionnelle. Nous en extrayons l’épisode central qui se cristallise autour du licenciement d’un laïc animateur en pastoral, dans ce qui fut la paroisse où Xavier s’était engagé. Cette histoire ne rejoint-elle pas l’expérience faite par bien d’autres croyants aujourd’hui ? » Avec l’autorisation du webmaster, je reproduis ci-après son long compte rendu et l’en remercie.
C’était en mars 2020, en plein Covid que j’avais écrit cet article sur ma perception de la prière. Il revient à moi par l’intermédiaire d’une amie qui, face à ma difficulté de partager ma foi avec d’autres, me demandait « Est-ce que tu lui demandes ? » Question qui me dérange car la réponse suppose la possibilité qui peut intervenir dans la vie des hommes … du moins de certains !! Cet article qui suit a été écrit lors de la Covid et face à l’insistance déplacée de prières de clercs implorant Dieu d’éloigner le virus… Le voici, toujours d’actualité me semble-t-il…La dégradation de la terre, la haine et les divisions dans nos paysages politiques et religieux nous invitentencore et toujours à clarifier nos attitudes priantes.
Comme dans tous les époques de malheurs, depuis la nuit des temps, l’homme ressent le besoin de se confier à une divinité ou une transcendance qui pourrait le protéger. Comme aujourd’hui face à la pandémie du Covid-19. Il y a en lui comme un sursaut, un réveil pour se confier à plus grand que lui quand quelque chose le dépasse ou quand il n’a plus la mainmise sur les événements.
Le site de St Merry-hors-les-murs propose à ceux et celles qui veulent s’y abonner (Abonnement gratuit à la lettre d’infode St Merry ici ) des articles très intéressants. St Merry est cette église près du Centre Beaubourg à Paris qui a été fermée violemment par Mgr Aupetit peu avant la démission de celui-ci. J’en parlais dans un article lors de la parution de mon livre « Jours sombres en Église » début décembre 2022 Dans sa dernière lettre régulière, Michel Bouvard écrivait l’article suivant :
« Le Christ est venu annoncer la bonne nouvelle, le diable en a fait une religion. »[1]