Entre pessimisme et espérance

Dans Télérama du 22 avril 2020 le documentariste Stan Neumann (voir « le temps des ouvriers » en replay sur Arte – 4 volets passionnants) s’ interroge :
« La période singulière que nous traversons avec la pandémie du coronavirus donne à entendre des paroles d’espoir sur de possibles grandes réformes politiques et sociales. Le Tchèque pessimiste qui est en moi se dit qu’une fois passée la crise cet espoir pourrait bien être balayé. Je me trompe peut-être, mais l’égoïsme capitaliste me semble trop puissant pour ne pas reprendre le dessus. Et puis, même si l’on revenait sur la libéralisation effrénée de notre économie, on ne corrigerait pas l’énorme déséquilibre entre l’Occident développé et le reste du monde. Tant que subsistera cette inégalité, on restera au bord du gouffre. »

Je crois qu’il n’est pas le seul à penser ainsi. Un doute profond mine bien des personnes sur la capacité des hommes à se saisir de la crise pour changer de paradigme. J’en fait partie.

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Peut-on s’en sortir tout seul ?

Je ne veux pas tomber dans le catastrophisme mais quand même, je m’inquiète.
Pourquoi ?
Je pense à cette maladie qui vient de toucher ces temps-ci l’Afrique et qui, de toute évidence, va faire des millions de morts.
Je pense aux replis identitaires, pays par pays, qui ne s’inquiètent pas de la survenue de cette hécatombe annoncée.
Je pense qu’à dimension planétaire, ce virus que nous combattons localement doit bien rire des « frontières » supposées que nous mettons en place individuellement et collectivement par pays.
Je pense que si nous ne prenons pas au sérieux la dimension mondiale de l’épidémie, ce Covid 19 que nous tentons de mettre à la porte dans chaque pays reviendra par la fenêtre. C’est clair comme de l’eau de roche.
Je pense, qu’à défaut, notre confinement va durer des mois, voire des années, et que nous courrons vers un désastre dont nous ne mesurons pas les enjeux économiques, sociaux, guerriers.
Alors que faire ?

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« La stratégie du choc »

« C’est le titre d’un livre de Naomi Klein qui explique comment et pourquoi, depuis le début des années soixante-dix, les classes dirigeantes mondiales mènent une véritable guerre – il n’y a pas d’autre mot – contre les (leurs) peuples en utilisant une stratégie du désastre.
Elles tirent profit des catastrophes naturelles (vagues géantes, tremblements de terre, ouragans) ou provoquent des catastrophes humaines (conflits militaires, exploitation artificielle du  « terrorisme » , désastres écologiques ) pour renforcer leur pouvoir aux dépens du domaine public et de la société civile, et imposer, par la violence et la sidération, le modèle d’une société capitaliste toujours plus réactionnaire… »

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Le prêtre, un autre Christ vraiment ?

Lors d’une semaine de jeûne récente à laquelle j’ai participé à Sénanque, l’animation spirituelle était assurée par un prêtre très respectueux des appartenances ou non-appartenance religieuses de chacun. La démarche de foi ou de recherche spirituelle dépasse le côté institutionnel  ou religieux;  ce prêtre a su, avec tact et compétence, accompagner les  » 28 pèlerins » que nous étions sur un chemin singulier pour chacun.
Mon propos toutefois ne se situe pas là.  
Lors d’un partage, j’ai tiqué quand il nous a suggéré que l’un des lieu de présence du Christ se situe dans la personne du prêtre. « Pas ajusté et pas tout à fait vrai » me suis-je tout de suite dit ; sans pour autant pouvoir argumenter plus loin en moi; le malaise était là et d’autant plus présent que le débat sur le cléricalisme aujourd’hui dans l’Eglise catholique bat son plein. Et je pressentais que cette affirmation était un aspect (assez subtil, il faut le dire), de cette approche cléricale, dans toute sa splendeur.
Ayant pris le temps de me poser, voici quelques unes de mes réflexions concernant ma perception sur cet état sacerdotal . Elle n’engage que moi, qui suis un peu en marge ou sur les parvis…

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Hypocrisie…

Comme en écho au reportage d’Arte hier soir sur les viols des religieuses par des prêtres, les lectures du jour en cette entrée en carême nous invitent au jeûne, à l’aumône et à la prière. Phrase du Christ qui nous dit par 3 fois  : « Ne soyez pas comme des hypocrites »…  

En ce Mercredi des Cendres, ne faudrait-il pas que certains prêtres  soient invités à « descendre » (et pas seulement le mercredi !) de leur piédestal  fait de cléricalisme, de soif de pouvoir, de mépris cachottier, et d’assurance de pouvoir opérer en toute impunité ?
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Taminou, le Migrant

Un migrant vient de mourir de froid dans les Hautes Alpes ce 12 février. Un de plus, fuyant les répressions policières . Voir ici.
Je lui dédie ces quelques lignes. (Il y sera question de « Chandourène » c’est un lieu d’accueil de migrants à Champtercier qui est sur le point de fermer).

Alpes : des militants d'extrême droite bloquent le col de l'Échelle, point de passage de migrants

Aujourd’hui, en France, la solidarité est un délit
De l’ inhumanité du pays dit « des droits de l’homme »
tu as payé le prix.
Dérisoire !
en chaussettes, tu as laissé ta vie.
Abandonné dans un fossé
avec pour linceul le blanc et froid manteau de la neige.
et pour souvenir de toi une « enquête » qui n’aboutira jamais…
Ainsi va dans mon pays la « chasse aux étrangers » !!!!
Même si au prix de leur tranquillité les maraudeurs solidaires
tentent de donner dignité et secours au réfugié.

Face à l’indifférence, tes frères impuissants
ou apeurés par les rares passants
ont lancé un appel au secours.
En vain !
2 h pour que la police réagisse…
Est-ce du à la froideur de l’hiver ou à celle de certains Français que tu n’es plus ?
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La montée des « Gueux »

… Devant la colère légitime des GJ et l’aveuglement des autorités publics qui s’entêtent à  rien lâcher de leurs richesses et de leurs pouvoirs, devant la montée toujours plus grande des violences attisées par des propos « d’élites responsables » qui soufflent sur les braises, se sont remémorées en moi les marches de Martin Luther King, de Gandhi, celles des femmes du Kerala en Inde, des paysans sans terre au Brésil  … toutes pacifiques et non violentes et , ô combien  !, fructueuses.
« I have a dream… »  racontait le premier.
Moi aussi j’ai fait un rêve. Celui de bannir toute haine et toute violence pour sortir des impasses et des fermetures, des insécurités et des pauvretés, des mépris et des suffisances dans lesquels nous nous trouvons.
J’ai rêvé d’une Marche où, au fur et à mesure de son avancée vers la capitale, elle prendrait les sentiers pour démarrer; puis les départementales et les nationales, le nombre de marcheurs  grossissant… Et pourquoi pas les autoroutes indignes !

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Pour Noël, rien dans les Eglises ! …

« … parce que notre Peuple n est pas dans un état d’esprit qui lui permet de fêter Noël … »
Sainte colère sur la page facebook de Jacques Noyer  évêque d’Arras :

 » J’ai trouvé ! J’ai trouvé ce que l’Eglise de France devrait dire devant cette insurrection des fins de mois que nous connaissons. Elle devrait annoncer qu’on ne fêtera pas Noël cette année. Le 25 décembre sera un jour comme un autre. Rien dans les églises : pas d’office, pas de crèche, pas d’enfants. On va revenir aux dimanches ordinaires car l’Avent n’aura pas lieu.

Elle dira que notre peuple n’est pas dans un état d’esprit qui lui permet de fêter Noël. Le cri de désespoir qui le traverse est incompatible avec le mystère de Noël, avec l’espérance de l’Avent, avec l’accueil d’un enfant étranger.

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Pouvoir encore se regarder en face

Ces regards d’enfants qui croisent mon propre regard ….
Je prends le temps de les recevoir…
Ces regards qui disent la peur, le questionnement devant l’immédiat et l’avenir,
Ces regards marqués par ce qu’ils ont déjà subi et qu’ ils fuient,
Ces regards mi-éteints alors qu’ils devraient pétiller d’innocence, de gaieté et d’insouciance,
Ces regards emplis de craintes et d’interrogations face à ce qui les dépasse,
Ces regards d’enfants qui déjà crient leur désespoir,
Ces regards qui appellent à l’aide,
De ces regards, je m’en détournerai ? Continuer la lecture de « Pouvoir encore se regarder en face »